Le secrétaire permanent du Conseil national des assurances suggère l'organisation, durant 2010, d'une manifestation interprofessionnelle pour débattre de la question des assurances des personnes, très peu développées, en Algérie. Dans un éditorial publié dans le dernier bulletin du Conseil national des assurances (CNA), Abdelhakim Benbouabdellah estime que cela “constituerait certainement une opportunité pour une concertation élargie de l'ensemble des acteurs du marché afin de mieux cerner la problématique et de contribuer ensemble à rechercher les solutions adéquates”. “C'est une occasion qui permettra à chacun de s'inspirer d'un état d'esprit, qui, plus que les textes réglementaires, ne peut qu'encourager l'ensemble des assurables à faire corps avec un système qui repose avant tout sur l'adhésion consciente de la confiance raisonnable et qui entraînera l'ensemble du monde des finances et des investissements dans une démarche de concertation exaltante d'une ouverture intelligente et solidaire”, a-t-il souligné. “La forte contribution de cette branche dans la production globale du secteur dans certains pays développés n'est plus à prouver (jusqu'à 50% dans certains pays). Cependant, en Algérie, elle n'est que de 7% alors que le potentiel est de loin plus important, notamment avec l'essoufflement du système national des assurances sociales et de la retraite, et le développement important de l'emploi durant la dernière décennie”, souligne Abdelhakim Benbouabdellah, secrétaire permanent du CNA. L'assurance de personnes a connu une croissance modérée de 7% en 2009. “Avec une part de 8% du chiffre d'affaires total du marché et une hausse de 6,8% par rapport à la même période de l'année précédente, les assurances de personnes n'ont contribué que pour 3,5% à la production additionnelle du secteur”, note Barkat Mohamed El Amine, chef de projets au Conseil national des assurances. Trois points essentiels caractérisent cette branche, relève M. Barkat. Il évoque entre autres, le retard considérable dans le domaine de l'assurance-vie; ce retard cumule désormais un grave déficit en termes de pénétration, de manque d'offres et de désintérêt des assurés et enfin la perte du réflexe de prévoyance. “Pour certains, le marché des assurances de personnes se résume dans la branche prévoyance collective destinée aux travailleurs”, regrette-t-il. Pourtant, le potentiel est important. “À défaut de disponibilité de statistiques sur le nombre de PME/PMI, et d'autres entités dont les employés sont supérieurs à 20, il est utile de contourner l'évaluation, en prenant comme base la prime moyenne d'un contrat groupe par salarié qui est de 3 000 DA. Ce montant, multiplié par le nombre de salariés (5,2 millions), donne 15,6 milliards de DA comme chiffre d'affaires estimatif et ce, uniquement pour l'assurance groupe”, indique M. Mameri, chef de projets major (DEPRA) au CNA, précisant que le chiffre d'affaires global des assurances de personnes, actuellement, dépasse à peine 5,4 milliards de DA, tous produits confondus, à la fin 2008. M. Mameri ajoute qu'il existe une catégorie de personnes qui ne travaille pas dans de grandes entreprises et qui peuvent souscrire des contrats individuels pour compléter les garanties de leur régime de sécurité sociale, à savoir les professions libérales et artisanales, les artistes, les agriculteurs, les étudiants, etc. “Parmi les produits convenant à cette dernière catégorie, il y a le contrat individuel accident qui correspond parfaitement, compte tenu des couvertures offertes (accidents domestiques, accidents de la route, sports et loisirs) d'une part, et d'autre part de la vulnérabilité des personnes relevant de cette catégorie, particulièrement les artisans et autres employés non assurés et qui sont exposés aux divers risques. La prime moyenne de ce contrat est de 1 700 DA. Par un simple calcul, si on retient que 25% de la population active (10 841 000) souscrivent au contrat ci-dessus, on obtient 4,61 milliards de DA”, suggère-t-il, affirmant qu'il n'est pas trop tard pour mieux faire. Pour appuyer l'argument de l'existence de ce potentiel assurable, il suffit d'établir une estimation entre le régime obligatoire (RO), à savoir les salariés déclarés auprès de la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas), d'une part, et du régime complémentaire (RC), d'autre part. Il n'est pas sans rappeler que ces deux régimes sont juridiquement séparés mais économiquement liés, ne serait-ce qu'à travers les placements pour des opérations de financement. Le nombre de salariés actifs déclarés auprès de la Cnas à fin 2008, tous secteurs confondus, est supérieur à 5,2 millions de salariés. Le contrat groupe est généralement destiné aux entités économiques disposant d'un effectif de vingt salariés au minimum. En tout état de cause, les compagnies d'assurances algériennes (publiques ou privées) sont à moins d'une année de la date butoir, relative à la séparation des assurances-dommages des assurances de personnes, conformément à la loi 06-04 du mois d'avril 2006 qui a modifié et complété l'ordonnance 95-07. Le secrétaire permanent du CNA rappelle que la loi 06-04, modifiant et complétant l'ordonnance 95-07 relative aux assurances, a accordé un délai de cinq années aux sociétés d'assurances pour procéder à la séparation effective entre les assurances de personnes et les assurances de dommages. M. Abdelhakim Benbouabdellah estime par ailleurs que “les récentes mesures relatives à l'augmentation du capital social des sociétés d'assurances notamment pour l'activité "assurances de personnes" viennent confirmer l'option des pouvoirs publics de renforcer la capacité des assureurs à faire face à leurs engagements et par la même la protection des assurés. Ajoutons à cela les mesures fiscales et autres décisions incitatives”.