Le mouvement de grève à la cimenterie de Hammam Dalaâ à M'sila se poursuit toujours. Le durcissement des positions des uns et des autres semble caractérisé cette grève. Le directeur de l'usine Lafarge, Ion Trofin, a rejeté tout contact ou médiation avec le syndicat. “Nous ne négocierons jamais avec le syndicat qui était à l'origine de l'entrave à la liberté du travail, qui n'a cessé de provoquer l'instabilité, et que la justice a condamné lors de l'audience du 5 mai”, a-t-il déclaré, ajoutant que “des travailleurs ont été menacés en rejoignant leur poste”. Du côté de la section syndicale, affiliée à l'UGTA, la tension est grande, et les décisions de suspension, prises par la direction de l'usine, contre trois éléments du bureau syndical et deux travailleurs, ont compliqué la situation. “Nous sommes un syndicat qui est toujours au service des travailleurs. Aujourd'hui, 400 ouvriers ont répondu au mot d'ordre lancé par le bureau du syndicat”, dira un représentant local de l'UGTA. En ajoutant que c'est la direction qui menace les ouvriers par des SMS émanant de certains chefs de département. “Nous allons déposer des plaintes pour menaces et entrave au travail syndical”, dira M. Amar Bahloul, représentant syndical. À ce propos, M. Trofin dira : “Après notre réunion de mercredi, on avait demandé à notre encadrement de communiquer avec leurs éléments respectifs pour la reprise du travail, cet appel ne constituait aucunement des menaces.” Pour les salariés de la cimenterie, cet appel à la reprise du travail laisse supposer, que le verdict prononcé par le tribunal de Hammam Dalaâ sur l'affaire de l'entrave à la liberté du travail, en condamnant le chef de la section syndicale de l'usine, équivaut à l'annulation de la grève, ce qui est complètement erroné. “Notre mouvement de grève est légal, et l'usine restera totalement paralysée jusqu'à la satisfaction de nos revendications”, disent les grévistes. Pour le représentant syndical, “la justice a tranché jeudi vers 19 heures en notre faveur. Nous n'avons jamais fermé l'accès à l'usine et c'est ce qu'a constaté la justice”. “Nous voulons juste nos droits. Depuis deux années, nous demandons l'application des lois du code du travail algérien et d'ouvrir des négociations sérieuses sur les conventions collectives, mais en vain”, dira le représentant syndical des ouvriers. “On se demande où se situe cette usine ? En Algérie ou ailleurs ? Nous avons réalisé l'année passée plus de 4,52 millions de tonnes de ciment, mais les bénéfices partent ailleurs et les ouvriers restent sans issue et risquent à chaque instant le licenciement parce qu'ils n'ont même pas d'archives et de trace”, ajoute-t-il. “On ne veut pas être les nouveaux esclaves des temps modernes”, conclut-il, tout en rappelant qu'ils sont prêts à tout moment à entamer des négociations sérieuses et concrètes.