La soirée d'inauguration a eu lieu, jeudi dernier, au Théâtre régional de Constantine. Jusqu'au 21 du mois en cours, le public de la ville des Ponts suspendus est convié à assister, chaque jour à partir de 20h, à des concerts de haute facture, animés par des artistes de renommée internationale pour la plupart et surtout au talent confirmé. L'édition 2010 de ce rendez-vous jazz se veut un hommage, voire une commémoration du centenaire du plus grand guitariste de l'histoire du jazz, à savoir Django Reinhardt. Une reconnaissance envers un artiste, un pilier du panthéon du jazz aux côtés d'autres grosses pointures : Louis Armstrong, Charlie Parker, Miles Davis. Cette 8e édition du Dimajazz verra donc planer l'esprit manouche, avec sa bonhommie, son côté désinvolte et festif. Un riche programme a été concocté par les organisateurs qui ont voulu que dans cette édition tous les goûts soient satisfaits. Pour la soirée d'ouverture, après les allocutions du commissaire du festival, Zoheir Bouzid, le directeur de la culture et du wali de la wilaya de Constantine, de Mme Yahi, représentante de la ministre, le coup d'envoi a été donné au grand bonheur du public fort nombreux, au point où le bel édifice du Théâtre régional (un bijou architectural) de cette ville s'est avéré plus qu'exigu pour contenir tout ce monde venu apprécier la belle musique. Au point où un écran géant a été installé sur la place La Brèche afin que tous ceux qui n'ont pu assister au concert puissent en profiter, même à l'extérieur. Cerise sur le gâteau, les organisateurs ont voulu que la soirée d'inauguration soit spéciale. Avec l'Orchestre national de Barbès. Il était 20h passées de plus de 30 minutes quand les musiciens (en tenues traditionnelles des habitants du Sud), prenaient, un à un, place sur scène. La musique fuse. Sur un air gnawi, allant plus vers le soufi, le show démarre avec une sorte de complainte très entraînante. Une orchestration alliant à merveille les sonorités jazzy. Puis le rythme s'accélère, prend de l'ampleur. Le son du qarqabou est là pour donner le la. La troisième chanson, le grand succès de Youcef Boukella, à savoir Salam aâlikoum, fait déchaîner la foule. Il ne lui a pas fallu longtemps pour être chauffée à blanc. Même les artistes se mettent de la partie, exécutant une chorégraphie. Les rythmes s'accélèrent, le mélange des genres fait sienne : kabyle, aâloui, berouali, même le zouk est présent. Les instruments défilent, changent selon les besoins de la chanson. La foule demande et redemande. Ça danse, ça déhanche, ça vibre de partout. La bâtisse du TRC tremblait, secouée par les mouvements des spectateurs. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire la “teuf”. L'ambiance “déchirait grave”. Nul ne pouvait rester placide, impassible. Avec la chanson Oua Oua, c'est l'explosion. Un morceau rock à la française. Très endiablé. Les sons se suivent, se frôlent, se rencontrent, se côtoient sans toutefois se ressembler. Pour cette soirée inaugurale, même si le concert n'avait vraiment rien à voir avec le jazz, l'ambiance était très bon enfant. Pour la première prestation algérienne de l'Orchestre national de Barbès, c'est une réussite. Pour le commissaire du festival Dimajazz “l'ONB c'est de la world music et ce n'est pas méchant d'être dans la programmation d'un festival de jazz. Il a déjà joué dans le festival Jazz à Viennes. Et comme c'est la première fois en Algérie à Dimajazz, on voulait que la soirée d'ouverture soit festive. C'est un cadeau pour le public algérien”. Pour être festive, la soirée d'ouverture l'était du début à la fin, ne laissant aucun répit à cette assistance en délire. Chantant son répertoire, l'ONB allait de la création aux reprises du patrimoine musical de l'Oranie. Nous avons eu même droit à quatre chansons inédites extraites de son dernier album Rendez-vous Barbès, qui sortira en France et en Europe le 21 mai prochain. C'est avec une standing ovation que les artistes quittèrent la scène.