Résumé : Razika est heureuse. Elle est enfin mariée et chez elle et son mari semble très compréhensif et très amoureux. Elle lui avoue qu'elle avait craint le pire, vu que les femmes de sa famille ne voyait pas en elle une beauté. 43eme partie Mohamed rit encore. - Je préfère mieux ça. Ainsi on va reconsidérer ton cas. Razika sourit. - Oui, mon mari. Heu… je veux dire, oui Mohamed cela est inévitable. On ira même jusqu'à dire que peut-être je t'ai ensorcelé. Mohamed reprend son air sérieux. - C'est un peu le cas. - Hein ? - Je ne vais pas passer par quatre chemins pour te dire que tu me rappelles une femme qui a beaucoup compté pour moi. - Tu avais déjà une femme ? - Non, pas comme tu l'entends. Cette femme, je l'ai rencontrée lors de mon périple vers la grande ville. Elle s'appelle Louisa. Une belle brune avec des yeux verts comme les tiens. Razika retient son souffle. Elle n'avait jamais entendu parler d'une histoire d'amour. Mohamed l'avait surprise en lui confiant son secret. Ce dernier continue sur sa lancée pour lui raconter toute l'histoire. À la fin, ils gardèrent le silence un moment, puis le jeune homme regarde sa femme en face et lui dit : - Je veux que tu saches une chose Razika, cette femme a certes compté pour moi. Elle m'a aimé et durant de longues années, elle n'a cessé de hanter mes nuits. Mais à partir du moment où je t'ai vue, Louisa n'est plus, et ne sera plus qu'un souvenir. Désormais, tu seras mon seul amour et la femme avec qui j'aimerais vivre longtemps, très longtemps. Razika pleurait. L'histoire que venait de lui raconter son mari l'avait touché au plus profond d'elle-même. Mohamed la prend dans ses bras et se met à la bercer. - Tu seras toujours la seule femme de ma vie, Razika. Des années passent. Le jeune couple a vécu heureux et trois enfants étaient venus embellir leur union et leur vie. Deux garçons, qu'on prénomma Idir et Lounis, et une fille, à qui on donnera le prénom de Zahra. Mais Mohamed voulait d'autres enfants. En quatrième position, et après un temps d'attente assez long, viendra au monde, un certain mois de septembre 1903, Yasmina. 1903 – Ma grand-mère Yasmina C'était une fille robuste qui poussa son premier cri au milieu d'une chambre qui donnait sur la courette intérieure et dont la fenêtre débordait de jasmin. Les effluves de cette plante embaumaient les lieux. Mon arrière-grand-mère n'ira pas chercher trop loin pour prénommer sa propre fille Yasmina. Yasmina était le portrait craché de sa mère, avec, cependant, un charme plus ravageur. Son air intelligent n'échappa à personne et son sourire gai réconfortait plus d'un. À six ans, elle était déjà une grande fille curieuse et ouverte à tout, et à 8 ans, découvrant qu'une école venait d'ouvrir ses portes dans le quartier, elle n'hésita pas à s'y rendre pour apprendre à lire et à écrire. Un jour, apprenant que sa fille allait à l'école, Mohamed entra dans une grande colère et lui interdira de franchir le portail de la maison sans son autorisation. Mais c'était compter sans l'espièglerie de Yasmina qui, sous prétexte de se rendre chez des voisines de son âge pour apprendre la couture, se faufilait dans les petites ruelles du quartier pour atterrir dans son école. C'est ainsi qu'à l'âge de 12 ans, tout le quartier savait que Yasmina lisait et écrivait sans ambages, sauf… son propre père. Y. H. (À suivre)