L'annonce par Amr Moussa de son intention de ne pas postuler à un troisième mandat au secrétariat général de la Ligue arabe, fait bouger les choses au sein de cette institution. Les Egyptiens sont en quête d'alliance pour conserver ce poste pour lequel nombre de pays, dont l'Algérie, veulent établir un système de rotation pour en désigner le responsable. Chasse gardée de l'Egypte depuis la création de la Ligue arabe en 1945, à l'exception de la période durant laquelle le régime égyptien avait été condamné pour son accord de paix avec Israël à Camp David le 17 septembre 1979, le secrétariat général de cette instance fait l'objet ces derniers temps de manœuvres en raison de l'approche de la fin du second mandat d'Amr Moussa. En effet, à une année environ de l'expiration du mandat de l'ancien chef de la diplomatie égyptienne, le sujet est devenu le centre d'intérêt de toutes les tractations. Comme il fallait s'y attendre, c'est Le Caire qui mène le bal à travers des tentatives d'alliances pour que le poste ne lui échappe pas, car sachant pertinemment que nombreux sont les pays désireux de passer à un système de rotation pour la désignation du secrétaire général de la Ligue arabe. Pour rappel, la question avait été déjà traitée auparavant, notamment lors du sommet d'Alger en 2005, mais l'Egypte a tout fait pour repousser aux calendes grecques une décision définitive. Poursuivant dans cette logique, le régime de Hosni Moubarak cherche cette fois-ci à trouver une échappatoire pour imposer sa solution et mettre les contestataires devant le fait accompli. La première démarche aura été l'annonce par Amr Moussa de son intention de ne pas briguer un troisième mandat à la tête de la Ligue arabe. Certains voient dans cette sortie médiatique une manœuvre pour connaître la réaction des membres. Cela lui permettrait effectivement de savoir si on veut encore de lui ou pas. Il espère même voir l'émergence d'un mouvement de sympathie en sa faveur, pour le prier de bien vouloir poursuivre encore sa mission. Par ailleurs, cela aura le mérite d'éclaircir les choses pour l'Egypte, qui n'a en tout cas pas attendu de voir les effets de l'annonce de Amr Moussa de partir, pour agir. Ainsi, il est question de contacts égypto-saoudiens pour couper l'herbe sous les pieds des membres favorables à l'établissement d'un système de rotation. Selon des informations parues dans la presse du Moyen-Orient, des tractations sont menées pour placer le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal en qualité de secrétaire général de la Ligue arabe pendant une période de transition d'une année, afin de permettre à l'Egypte de mieux rebondir et se réapproprier le poste. Il ne faut pas être grand clerc pour deviner que le but inavoué du régime Moubarak est de contrer l'Algérie, qui représente à ses yeux le chef de file des contestataires, d'autant plus que depuis quelques jours, certaines sources évoquent la probable présentation par Alger de la candidature de Belkhadem Abdelaziz, ancien chef de la diplomatie algérienne, ex-chef du gouvernement et actuel ministre d'Etat et représentant personnel du président de la République, pour succéder à Amr Moussa, ou pour tout simplement rivaliser avec lui s'il postule à nouveau au secrétariat général. En cette période où les relations algéro-égyptiennes sont réduites à leur plus simple expression après la tension née des matches de qualification pour le Mondial sud-africain de football qui a opposé les sélections des deux pays, les Egyptiens, qui n'ont pas encore digéré l'élimination de leur onze national, ne veulent pas perdre une autre bataille contre l'Algérie. Faut-il donc s'attendre à une guerre diplomatique sans merci entre Alger et Le Caire au cours de cette dernière année de mandat du protégé de celui-ci à la tête de la Ligue arabe ? Les prochains mois nous renseigneront sur les intentions de chaque partie.