Le groupe des “5+1”, comprenant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (USA, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) et l'Allemagne, a conclu un accord sur un projet de résolution prévoyant un nouveau train de sanctions contre l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé. Le texte de dix pages, qui a donc eu l'assentiment de la Chine et de la Russie, est mis à la disposition des membres non permanents du Conseil de sécurité. Il appelle à des sanctions contre l'Iran, contre ses banques et ses industries et prévoit un système d'inspection des bateaux à destination du pays et susceptibles de transporter des marchandises ayant un lien avec le programme nucléaire iranien. Ce point précis est inspiré par les sanctions décidées contre la Corée du Nord au lendemain de son deuxième essai nucléaire. Il concerne aussi des gardiens de la révolution, qui contrôlent des entreprises dont les activités sont liées à l'armement. Ces entreprises et ces personnes seront soumises à un gel de leurs avoirs et à une interdiction de voyager pour les personnes. Le projet prévoit aussi l'interdiction à l'Iran de participer à l'investissement dans les domaines touchant au nucléaire, comme l'exploitation de l'uranium et l'achat de huit catégories d'armes lourdes dont les missiles, les hélicoptères et les navires de guerre. La Russie et la Chine, qui entretiennent des relations étroites avec l'Iran, se sont ralliées aux puissances occidentales pour soutenir le projet de sanction, sans tenir compte de l'accord conclu à Téhéran entre l'Iran, le Brésil et la Turquie. Les deux pays ont néanmoins veillé à sauvegarder leurs intérêts stratégiques et commerciaux avec l'Iran. Censé éviter les sanctions ou, au minimum, en éloigner la perspective, l'accord de Téhéran aura produit l'effet inverse, selon toute vraisemblance, puisque moins de 48 heures séparent cet accord et le consensus des “5+1” que les Etats-Unis ont peiné pendant plus de dix mois à obtenir. L'accord des “5+1” a été annoncé mardi par la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. “Nous sommes parvenus à un accord sur un projet fort, avec la coopération de la Chine et de la Russie”, a-t-elle déclaré en précisant que cette “résolution forte sur des sanctions adressera un message sans équivoque sur ce que l'on attend de l'Iran”. Pour sa part, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a confirmé l'accord de Moscou et en a fait part à la secrétaire d'Etat au cours d'un entretien téléphonique. Il a toutefois tenu à la mettre en garde contre l'adoption de sanctions supplémentaires et unilatérales par les Etats-Unis et l'Union européenne. “La partie russe a confirmé que l'accord de principe au sein du groupe des 5+1 sur le projet de résolution est maintenu. L'étape suivante consiste à poursuivre le travail au sein du conseil de sécurité où les membres non permanents pourront exprimer leur opinion sur le projet”, a indiqué, par ailleurs, un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. L'annonce du projet de sanction est un rejet implicite de l'accord conclu la veille entre l'Iran, la Turquie et le Brésil, à l'initiative de ce dernier, sur l'échange d'uranium contre du combustible enrichi à 20%. De fait, le Brésil, membre non permanent du Conseil de sécurité, est très remonté contre cette initiative, qui a transformé ce qu'il considère comme un brillant succès diplomatique de Lula en camouflet. Une diplomate brésilienne présente à l'ONU, Maria Luiza Ribeiro Viotti, s'exprimant en dehors du Conseil de sécurité, a exclu la participation, dans l'immédiat, de son pays aux discussions sur le projet de sanctions. “Le Brésil ne participe pas aux discussions sur le projet de résolution pour le moment parce que nous avons le sentiment qu'une nouvelle situation est apparue”, a-t-elle déclaré non sans ajouter qu'il y a eu “hier un accord très important”, allusion faite à l'accord de Téhéran.