La création du poste de vice-Premier ministre prévue lors du dernier amendement de la Constitution avait laissé le champ à toutes les supputations. D'aucuns sont allés jusqu'à affirmer avec certitude que deux vice-Premiers ministres allaient être nommés pour “museler” Ouyahia. On avait, alors désigné le duo Aboudjerra Soltani et Abdelaziz Belkhadem comme futurs détenteurs de ces portefeuilles. Il n'en fut rien. L'Exécutif n'a qu'un seul patron, comme stipulé dans la Constitution : Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier, s'il voulait réellement, freiner l'élan de son Premier ministre, ou lui mettre les bâtons dans les roues, aurait certainement choisi les deux personnalités susnommées. Or, c'est l'homme de confiance de Bouteflika, celui qui l'accompagne depuis son arrivée au pouvoir, qu'a choisi le chef de l'Etat pour occuper cette nouvelle fonction. Noureddine Yazid Zerhouni secondera, donc, Ahmed Ouyahia à la tête de l'Exécutif remanié. Cette nouvelle configuration devrait donner plus de consistance au travail de l'Exécutif, dans la mesure où les deux hommes se respectent mutuellement et pourraient se partager, pour ainsi dire, les rôles : Ouyahia le technocrate et Zerhouni le politique. Les deux hommes ont ceci de commun : ils n'ont jamais fait mystère de leurs positions et ne se sont jamais gênés pour l'exprimer publiquement. Zerhouni, de par son âge et son expérience, pourrait apporter un plus au fonctionnement de l'Exécutif, lui qui reste le seul à pouvoir jouir de la totale confiance du président de la République. Dix ans durant, et dans tous les déplacements du chef de l'Etat à l'intérieur du pays, c'est Zerhouni qui s'exprimait en son nom et jamais il n'a été démenti ou rappelé à l'ordre par le président Bouteflika. L'ex-ministre de l'Intérieur connaît parfaitement les dossiers liés au programme de la relance économique, puisqu'il a suivi tout le processus, depuis son lancement en 2000. Il peut, dès lors, apporter sa contribution dans l'exécution du plan quinquennal qui vient d'être dévoilé. Ahmed Ouyahia, pour sa part, pourrait se consacrer aux affaires économiques, notamment la poursuite des réformes, la gestion des investissements et la lutte contre la corruption. Le Premier ministre, connu pour son caractère de “rouleau compresseur”, ne compte pas que des amis, notamment au sein des cadres supérieurs de l'Etat. À tort ou à raison, ces craintes pourraient être atténuées par la présence d'un Zerhouni, en tant que vice-Premier ministre. Ce dernier, au regard de son âge et de son passé à la tête du ministère de l'Intérieur, pourrait jouer un rôle prépondérant dans la lutte contre la corruption afin que celle-ci ne soit pas perçue comme un simple règlement de comptes, ou un simple maquillage de gros scandales. En somme, un partage de rôles qui devrait améliorer le rendement de l'Exécutif et renforcer sa cohésion.