André Citroën doit certainement se retourner d'aise dans sa tombe. Pour cause, le bijou architectural, construit en 1942 par sa maison pour les besoins de ses relais dans le sud-ouest algérien, a pu renaître de ses cendres après des années d'abandon. Depuis près de six mois, il a repris du service. Et le mérite revient à un jeune investisseur algérois, originaire de Skikda, Ali Sahnoun, qui a jeté tous ses dés sur une affaire à première vue pas du tout tentante, bien que l'établissement ait eu par le passé sa place au soleil. Quand il l'a repris, en février 2009, c'était une structure défigurée, complètement saccagée. “J'avoue qu'en mettant pour la première fois les pieds dans l'hôtel, j'ai failli renoncer, tellement il était dans un état lamentable. Mais en me rendant sur la terrasse qui domine toute la palmeraie et le vieux ksar,j'ai décidé de tenter le challenge”, se souvient-il. Sitôt le contrat signé, avec en prime le payement d'une caution de 420 000 DA (la location est de 70 000 DA/mois), il entame les travaux de réfection qui, entre réparations et équipements, lui ont coûté 9 millions de DA. “J'ai quelque peu sous-estimé le coût des réparations. En plus, il n'y a pas de main-d'œuvre qualifiée. J'ai dû ramener des gens d'Alger qui assurent des prestations coûtant deux fois plus cher qu'au nord du pays”, explique-t-il. Il a réussi le pari de retaper la plus grande partie (60%) de l'établissement : 11 chambres, le restaurant, le salon et le hall d'entrée. Il lui reste 12 autres chambres à réparer. Les travaux de réfection étant déjà lancés, elles seront prêtes en décembre prochain. Les appréhensions au début de M. Sahnoun ont fondu comme neige au soleil dès qu'il a rouvert les portes de son établissement en décembre 2009. Les touristes l'affectionnent beaucoup. Jugez-en. 200 touristes étrangers et 500 autres nationaux en cinq mois d'activité. Mieux, des personnalités de marque, à l'image de l'ambassadeur de France en Algérie, d'un directeur général de Sonelgaz et d'un conseiller de l'ambassade d'Italie, y ont séjourné. “Le directeur du tourisme de Béchar m'a assuré que le résultat est excellent”, se rappelle M. Sahnoun. Outre l'histoire de l'établissement et le cadre simple, mais très agréable, qu'il offre au client, c'est surtout sa terrasse, surplombant la palmeraie, qui attire les visiteurs. C'est un véritable régal que de s'y attabler, tout en savourant du regard un panorama de paysages idylliques. Tout marche donc comme sur des roulettes pour M.Sahnoun ? Non. Il y avait d'abord le problème de la disponibilité d'une main-d'œuvre qualifiée. Pour pallier cette difficulté, il a passé un accord avec une école privée d'hôtellerie de Tizi Ouzou qui lui envoie des stagiaires que son grand frère, un vieux routier du tourisme, encadre d'une main de maître. Mais son plus grand problème est de pouvoir contracter un crédit auprès d'une banque puisque le ministère du Tourisme a signé une convention avec les établissements bancaires publics pour faciliter le financement de projets d'investissement dans le secteur du tourisme. Il compte acquérir deux véhicules (des fourguons) pour récupérer les touristes à l'aéroport et les y ramener et aussi construire une piscine. N'ayant pu trouver un terrain d'entente avec la Badr, qui exigeait une hypothèque, il s'est rabattu sur la BDL qui, elle, veut l'assurance du crédit par la Caisse de garantie des crédits d'investissement. M. Sahnoun compte déposer son dossier incessamment. Aura-t-il son crédit ? Espérons-le.