Les résolutions des Nations unies condamnant Israël se comptent par dizaines, mais comme rien n'est entrepris pour l'empêcher de spolier les terres palestiniennes, l'Etat hébreu continue à se comporter en voyou. L'Organisation des Nations unies (ONU), qui a succédé à la Société des nations (SDN) au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a quasiment le même âge que l'Etat d'Israël. La charte des Nations unies a été adoptée le 26 juin 1945 à San Francisco. Et c'est cette auguste organisation, ne comptant que 46 membres en 1947, qui donna son aval à la proposition britannique de la partition de la Palestine en deux Etats indépendants, dont celui d'Israël. Il s'agit de la résolution 181, l'une des toutes premières de la jeune organisation, par la grâce de laquelle l'Etat d'Israël a vu le jour et qui a provoqué l'exil forcé de plus de 750 000 Palestiniens entre 1947 et 1949. Déjà, l'entité sioniste a usé de corruption et de chantage pour faire adopter la résolution et un budget spécial a été dégagé pour cette opération. C'est grâce aux pots de vin reçus par certains Etats et au chantage exercé sur certains autres que l'usurpation de la Palestine a été décidée. Ce chapitre de l'histoire, qui explique en partie les relations futures entre Israël et l'ONU, faites de faux-fuyants et de faux-semblants, n'a pas été rapporté par quelque nationaliste arabe cultivant la haine du cousin juif, mais par un Israélien, sioniste qui plus est, dont l'objectif, ce faisant, n'est pas de condamner ces méthodes haïssables mais, au contraire, de les justifier, la création et la pérennité de l'Etat sioniste autorisant tous les dépassements et tous les subterfuges. Il s'agit d'un historien israélien Benny Morris, l'un des plus sionisants des nouveaux historiens israéliens du post-sionisme. Le 29 novembre 1947, le plan de partage est donc adopté et le 11 mai 1949, l'Etat d'Israël devenait membre des Nations unies. Soixante et un ans après, il est une réalité incontournable au Proche-Orient et fait quotidiennement l'actualité en bravant, notamment, une communauté internationale complaisante à souhait, malgré des condamnations de principe, jamais suivies d'effets. Les résolutions des Nations unies condamnant Israël se comptent par dizaines, mais rien n'est entrepris pour l'empêcher de spolier les terres palestiniennes et de fouler aux pieds les droits élémentaires des Palestiniens. Des résolutions sans lendemain Rappel. De 1947 à 1949, l'Assemblée générale est l'organe délibérant de l'ONU. Après la résolution 181 portant création de l'Etat d'Israël, cette Assemblée a adopté les résolutions 194 et 302, respectivement le 11 décembre 1948 et le 8 décembre 1949. La première stipulait que les réfugiés palestiniens qui le souhaitaient devaient pouvoir “rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible”, tandis que les autres devaient être indemnisés de leurs biens “à titre de compensation”. Elle annonçait également la création de la Commission de conciliation des Nations unies pour la Palestine. La résolution 302 portait création, pour sa part, de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Plus de soixante ans après, on sait ce qu'il est advenu de ces réfugiés et de leur droit au retour, pourtant dûment notifié par les Nations unies. Plus tard, c'est le Conseil de sécurité, désormais organe délibérant des Nations unies à ce jour, qui a multiplié les résolutions condamnant l'Etat d'Israël ou lui enjoignant de mettre fin à certaines initiatives violant le droit international ou de mettre en œuvre des mesures dictées par ce même droit international. Résolutions sans suite et sans effet la plupart du temps. Ainsi, le 14 juin 1967, à l'issue de la guerre israélo-arabe, la résolution 237 du Conseil de sécurité demandait à Israël d'assurer “la sûreté, le bien-être et la sécurité des habitants des zones où des opérations militaires ont eu lieu” et de faciliter le retour des réfugiés. Le 22 novembre de la même année, la résolution 242 condamnait “l'acquisition de territoires par la guerre” et demandait le “retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés”, tout en réaffirmant “l'inviolabilité territoriale et l'indépendance politique” de chaque Etat de la région. Le 27 avril 1968, la résolution 250 demandait à Israël de surseoir à la tenue d'un défilé militaire prévu à Jérusalem le 2 mai suivant. Ce même 2 mai, la résolution 251 déplorait la tenue du défilé au “mépris” de la résolution 250. Le 21 du même mois, la résolution 252 déclarait “non valides” les mesures prises par Israël, y compris “l'expropriation de terres et de biens immobiliers” visant “à modifier le statut de Jérusalem”. Le 3 juillet 1969, le Conseil de sécurité de l'ONU, par le biais de la résolution 267, censurait “toutes les mesures prises pour modifier le statut de Jérusalem”. Le 22 mars 1979, plusieurs années après la guerre de 1973 dite de Ramadhan ou de Kippour, la résolution 446 exigeait la cessation “des pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967”, déclarant que ces pratiques “n'ont aucune validité en droit”. Le 8 mai 1980, la résolution 468 déclarait “illégales” les expulsions à l'étranger de notables palestiniens et demandait leur annulation, en vain. Entre le 8 décembre 1986 et le 30 août 1989, les résolutions 592, 605, 607, 608, 636 et 641 rappelaient Israël à ses devoirs et le condamnaient pour expulsions illégales, violations de la Convention de Genève et multiples violations des droits de l'Homme dans les territoires palestiniens. Toutes ces résolutions insistaient sur le retour des expulsés palestiniens sans qu'aucune mesure concrète n'ait été prise pour ce faire. De la première à la deuxième Intifadhas, en passant par les agressions meurtrières contre le Liban jusqu'à l'abjecte opération “plomb durci” menée contre la bande de Gaza, les résolutions condamnant Israël se sont multipliées, sans jamais empêcher l'Etat hébreu de persister, en toute impunité, dans sa politique. Pourtant, on est loin du temps où les pays arabes refusaient de reconnaître l'Etat d'Israël, considérant que les conditions de sa création sont incompatibles avec les principes de la charte des Nations unies. Depuis mars 2002, tous les Etats membres de la Conférence islamique et de la Ligue arabe, y compris l'Iran, sont signataires de l'initiative de paix arabe. Celle-ci constitue une évolution historique en offrant à Israël la possibilité d'une normalisation de ses relations avec tous les pays de la région, sur la base du principe de “la paix contre la terre”. L'offre reprend à son compte toutes les résolutions de l'ONU relatives au conflit israélo-arabe, y compris la résolution 181, qui organisait la partition de la Palestine contre le gré de tous les pays de la région. Tous ces pays, y compris l'Iran, sont unis autour d'une position légaliste. Seul Israël entend rester hors la loi, aidé en cela par la complaisance criminelle des puissances occidentales, qui continuent de considérer comme taboue la question de l'Etat hébreu. Ce faisant, elles ont favorisé la confiscation de la défense des droits des Palestiniens par les plus mauvais des avocats : le terrorisme islamiste et le président ultra-conservateur iranien Ahmadinejad. La responsabilité des puissances occidentales est totalement engagée. Elles doivent désormais répondre à une question simple : jusqu'où peut aller Israël dans son mépris de la légalité et jusqu'à quand elles lui garantiront l'impunité ? Parce que dans le fond, si l'on se réfère simplement aux quelques résolutions évoquées plus haut, l'ONU a, bon an mal an, donné assez de matériaux pour permettre sinon de réparer l'injustice dont est victime le peuple palestinien, du moins d'y mettre fin, au grand profit de toute la région, y compris d'Israël. Mais il est vrai que l'Organisation des nations unies, comme le dira Henry Cabot Lodge, ancien ambassadeur américain au sein de cette institution, n'est pas vouée “à nous emmener au paradis mais à nous sauver de l'enfer”. Encore faut-il que l'enfer des uns ne constitue pas le paradis des autres, comme semblent s'en convaincre les dirigeants successifs de l'Etat hébreu.