Batna assiste, ces dernières années, à une véritable irruption des cabinets de roukia. Il n'y a pas un quartier où l'on ne recense pas de cabinets qui portent l'écriteau de “roukia charia” ou de “médecine prophétique traitement de la sorcellerie, du mauvais œil, des djinns par le Coran et la sunna”. Encouragés par les familles, qui y ont recours, d'autres sont même allés plus loin à afficher sur la voie publique les maux qu'ils traitent et les tarifs de leurs honoraires. Ces pratiques de la roukia, très lucratives et exonérées d'impôts, font concurrence à la médecine, spécialement à la psychologie et à la psychiatrie. Selon des informations, il y a trois types de roukia à Batna. Il y a ceux qui se contentent de ce que les patients leur donnent (et ils sont peu), il y a ceux qui exercent la roukia gratuitement, mais tout en vendant leurs produits de guérison tels que le miel, l'eau “coranisée” et l'huile à des prix excessifs, variant d'un raki à un autre, et il y a ceux qui affichent leurs honoraires pas moins de 1 000 DA la séance. Parmi ce dernier type de raki, certains vont même utiliser la détresse et la faiblesse de leurs patients pour leur soutirer le maximum d'argent. Certaines femmes ont été même abusées, mais comme elles étaient consentantes, elles ont préféré garder le silence que de les dénoncer. Le directeur de la santé et de la population et le directeur des affaires religieuses, contactés, n'ont pas mâché leurs mots pour reconnaître que ces cabinets de roukia ne sont pas sous leur contrôle et que ces charlatans raki exercent dans l'illégalité. Le directeur des affaires religieuses nous a précisé que “la pratique de la roukia dans les mosquées et leurs annexes est interdite, même aux imams”. Et il a même ajouté que “ces pratiques de roukia n'ont rien à voir avec la religion”, tout en reconnaissant que la roukia est recommandée par le Coran comme méthode de guérison lorsque le Coran est lu par le patient lui-même. Car, le Coran est un remède contre tous les maux du cœur et du corps. Certains imams de Batna, dans le prêche du vendredi passé, ont pris l'étendard de la guerre contre ces charlatans raki qu'ils ont qualifié d'imposteurs et d'associés à Allah et ont même appelé la société à plus de vigilance. La sensibilisation et l'information prennent le relais. Malheureusement, la population de la wilaya de Batna reste divisée non pas sur l'importance de la roukia, mais beaucoup plus sur ses pratiques et les excès commis par les charlatans. Les responsabilités devraient être prises pour mettre fin à ces pratiques, qui n'ont rien à voir avec la religion et qui échappent au fisc pour alimenter des caisses occultes.