Résumé : Yasmina arrive enfin à Marseille. Mouhoub l'attendait sur le quai. Il est intrigué de voir sa femme arborer une tenue à la mode. Avant de se rendre chez eux, le jeune marié montre à Yasmina mille et une choses… 56eme partie MARSEILLE Ils quittèrent le port. Mouhoub hèle un fiacre. Ils s'installèrent sur les sièges arrière, et le jeune homme prend la main de Yasmina et la garde dans la sienne : - Enfin tu es là. J'ai cru que ce jour n'arrivera jamais. Yasmina baisse les yeux, puis les relève dans un geste de défi : - Tu te languissais de moi ? - Oui… Et bien plus que tu ne le penses. Mon appartement s'avère trop grand pour un solitaire. J'aimerais… J'aimerais avoir toute une famille autour de moi. La jeune femme sourit. - Je suis la seule qui te tiendra compagnie pour le moment. Il hoche la tête. - Oui, pour le moment. Mais nous aurons vite des enfants et… Il s'interrompe et la regarde. - Tu aimerais avoir des enfants, n'est-ce pas ? - Bien sûr. Quelle drôle de question ? - Elle est drôle, oui. Tu peux le dire. Mais tu as des idées bien différentes des autres femmes. - Mes idées ne sont pas différentes voyons. Je suis simplement une femme qui veut apprendre. Je suis curieuse et je veux m'instruire au maximum. Mouhoub sourit. - Tu auras toute une bibliothèque à ta disposition. - C'est vrai ? Il hoche la tête. - Bien vrai Yasmina. Tout comme toi, je suis un mordu de la lecture. Oh ! regarde… Il tendit le bras et indique de son index une automobile. - Ce sont les derniers modèles, on les appelle les Rolls- Royce. - Des automobiles avec moteur à essence ? - Oui. Comment le sais-tu toi ? - Eh bien j'en sais bien plus que tu ne le penses. - Ah bon ! - Oui. Je sais qu'à l'exposition de Paris en 1886, Carl Benz a présenté la première voiture à essence, et qu'en 1890, Daimeler a exposé le premier véhicule entièrement construit en acier. L'appellation des Rolls-Royce vient du nom de leurs constructeurs, un riche anglais victorien nommé Charles Rolls, et un mécanicien sans le sou qui s'appelait Henri Royce. Mouhoub est impressionné. - Veux-tu me dire Yasmina où as-tu pu dénicher toutes ces informations ? - Dans mes lectures. - Elles sont bien variées apparemment. - Oui. Cela m'arrive de recevoir certains magazines et journaux. J'ai lu dans la revue L'Auto un bel historique sur l'automobile, et puis parfois Petit journal ou La Gazette reviennent sur les nouveautés de l'année en matière d'automobiles. - Mais tu n'a jamais vu un vrai véhicule à essence de près ? - J'avoue que non. - Bien. Tu vas devoir vivre autrement alors. Ici, tu vas voir tous les jours des automobiles et le tramway. Ils arrivèrent à la maison après avoir fait un grand détour par la ville. Mouhoub tenait à montrer à sa femme des endroits tels que le théâtre, l'opéra, le marché et certains magasins du centre-ville. Le jeune homme précède sa femme pour monter au troisième étage d'un immeuble assez confortable. Il ouvrit la porte de son appartement et s'écarte pour laisser passer Yasmina. Elle pénètre tout d'abord dans un grand salon sobrement meublé, mais très bien entretenu. Un tapis était étalé sur le sol et une grande table entourée de quatre chaises faisait face à une cheminée. Calée contre un mur qu'une grande fenêtre coupait en deux, se dressait une bibliothèque en bois massif, qui contenait des centaines d'ouvrages. La jeune femme s'approche et touche du doigt ces beaux livres reliés qui dégagent cette odeur caractéristique au savoir et à la science. Mouhoub possédait des encyclopédies, des séries d'auteurs connus, des recueils de poésie et de nouvelles qui feront pâlir plus d'un connaisseur. - Il y a aussi des dictionnaires et des magazines plus bas. Yasmina se penche et remarque plusieurs éditions de la maison Hachette. - Oh Mouhoub, tu possèdes un trésor ! - Eh bien, profites-en. Elle prend un livre, le feuillette, puis le remet à sa place pour se mettre à courir à travers l'appartement. Elle ouvre les portes des deux chambres, de la cuisine, de la salle de bains, puis revient dans le salon de l'entrée où Mouhoub, amusé, la regardait faire. - Alors, la maison te plaît-elle ? - Oui. Elle n'est pas très grande, mais elle est confortable. Seulement en matière de décor, on peut dire que tu n'es pas un as. Mouhoub se met à rire. - Tu sais, un célibataire ne demande pas plus qu'un gîte et un couvert. Je mange au restaurant du quartier, je ne reviens dans cet appartement qu'à la tombée de la nuit. Et comme je ne reçois que quelques rares amis de temps à autre, je n'ai pas jugé nécessaire de m'encombrer de meubles et de bibelots. Yasmina hoche la tête. - Tu as une bonne bibliothèque, et c'est amplement suffisant pour moi. Pour le reste, on verra. Y. H. (À suivre)