Des élections législatives décisives se tiennent aujourd'hui en Belgique. Le paysage politique s'en trouvera profondément bouleversé si l'on en croît les différents sondages et projections et, déjà, une crise se dessine pour succéder à une autre crise. Si les pronostics les plus répandus se concrétisent, le royaume de Belgique se trouvera au même point, sinon plus mal qu'avant ce scrutin, une percée des indépendantistes flamands étant attendue. Les indépendantistes de la Nouvelle alliance flamande serait bien partie, en effet, pour créer sensation en arrivant en tête du scrutin avec 25% des suffrages. Son leader, Bart de Wever, pourrait alors diriger le gouvernement du royaume. Mais il refuse d'être Premier ministre, son idée étant la mise en place d'un système confédéral comme étape intermédiaire avant l'indépendance de la Flandre et de la Wallonie, les deux régions constitutives du royaume de Belgique qu'une frontière linguistique infranchissable sépare chaque jour davantage. La Flandre néerlandophone accuse en particulier la Wallonie francophone de vivre “à son crochet”, allant jusqu'à la traiter de “dernier Etat communiste d'Europe”. Le Parti chrétien démocrate flamand, majoritaire avant ce scrutin, est crédité de la deuxième place avec moins de 20% des voix. Marianne Thyssen, qui dirige ce parti, pourrait devenir la première femme à la tête du gouvernement belge. En Wallonie, c'est le socialiste Ellio Di Ruppo qui est donné favori. Au cas où les indépendantistes l'emportent effectivement en Flandre, c'est lui qui pourrait gouverner, à condition, toutefois, qu'il fasse de lourdes concessions en matière d'autonomie des deux régions. Il convient néanmoins de relativiser puisque près d'un électeur sur deux serait encore indécis, ce qui pourrait compromettre la fiabilité des projections. Mais, de quelque côté qu'on prenne le problème, il est à peu près certain que la Belgique entrera dans une nouvelle crise politique dès lundi. Il y a deux ans, le Premier ministre sortant, Yves Leterme, avait mis plus de deux ans pour former son gouvernement. Depuis, la vie politique du royaume est en crise, les tensions entre Flamands et Wallons allant crescendo. Cette fois, la Belgique est au bord de l'implosion et c'est son existence même en tant que telle qui est menacée. Un contentieux, qui rend difficile même le partage du territoire, est au cœur du conflit depuis de nombreuses années. Il s'agit du dossier BHV (Bruxelles-Hal-Vivorde). Une minorité d'un million de Wallons y vivent, au cœur de la Flandre. Leurs droits linguistiques, électoraux et judiciaires mobilisent les deux camps depuis au moins deux décennies. Les Flamands ont fait de Bruxelles la capitale officielle de leur région alors qu'il y a 20 ans, les Wallons ont obtenu le statut de région autonome bilingue pour l'actuelle capitale européenne. Ce débat polarise l'attention depuis trois ans sur fond de questionnements concernant l'avenir d'une Belgique unie.