Le ministre de la Défense américain, Donald Rumsfeld, a affirmé pour la première fois que le Pentagone était prêt à envoyer de nouvelles troupes en Irak, alors que l'annonce du déploiement éventuel d'un contingent turc dans le pays suscite crainte et colère. Les Etats-Unis enverront en Irak de nouvelles troupes “dans la minute” si les responsables militaires le demandent, mais jusqu'ici le général John Abizaid, commandant des forces américaines en Irak, ne l'a pas fait, a déclaré M. Rumsfeld lundi. Pour l'instant, il y a quelque 147 000 soldats américains en Irak, mais “si nous avons des recommandations de la part du commandant des troupes pour plus de forces, il les aura”, a-t-il ajouté. Le gouvernement du président américain George W. Bush fait face, surtout depuis l'attentat du 19 août contre le siège de l'Onu à Bagdad (23 morts), aux critiques de membres du Congrès qui estiment les forces américaines insuffisantes pour assurer la sécurité en Irak. Face à cette situation, une délégation de parlementaires américains en visite à Bagdad a estimé lundi que les forces américaines manquaient de renseignements en Irak et que l'accroissement des effectifs de la coalition n'était pas forcément la réponse adéquate à l'insécurité. Cependant, pour assurer la sécurité, le gouvernement Bush compte aussi sur la force de police irakienne de 40 000 à 50 000 hommes que les Etats-Unis sont en train de former, comme l'a rappelé M. Rumsfeld. A ce sujet, le porte-parole du département d'Etat, Philip Reeker, a indiqué que Washington discutait toujours avec la Hongrie et d'autres pays pour accueillir cette formation, mais que rien n'était encore bouclé. La conseillère de M. Bush pour la sécurité nationale, Condoleezza Rice, a prêché, elle, “la patience” face à la détérioration de la situation en Irak. “Nous ne sommes qu'à 117 jours de la fin des combats majeurs (décrétés le 1er mai) en Irak. Ce n'est pas très long”, a-t-elle dit. En Irak même, l'annonce d'un éventuel déploiement turc dans le pays, qu'Ankara dit envisager pour défendre ses intérêts, et notamment la sécurité des Turcomans vivant dans le nord de l'Irak, a suscité la colère des habitants de Falloujah (ouest de Bagdad). Au terme d'une conférence organisée lundi soir par les autorités locales, les habitants de cette ville rebelle ont ainsi promis "l'enfer" aux troupes turques si elles devaient être déployées en Irak. Le déploiement de troupes turques serait aussi perçu comme une véritable agression par les Kurdes. Lundi, plus de 3 000 chiites avaient manifesté dans les rues de la capitale irakienne pour protester contre les meurtres vendredi et samedi de huit Turcomans chiites dans le nord du pays et la tentative d'assassinat qui a visé dimanche l'un de leurs plus grands dignitaires à Najaf (175 km au sud de Bagdad). D'autre part, un soldat américain a été tué accidentellement par balle, a annoncé mardi l'armée américaine, précisant qu'une enquête avait été ouverte sur les circonstances de cette mort. Depuis le 1er mai, au moins 81 soldats américains ont été tués hors combat en Irak, tandis que 64 sont tombés sous le coup d'attaques de la guérilla...