Bruce Grobbelaar, l'ancien gardien de but zimbabwéen du Liverpool, est content que l'Algérie puisse participer à une phase finale d'une Coupe du monde. Dans cet entretien, il donne son avis sur le débat qui alimente les colonnes de la presse mondiale sur la qualité du nouveau ballon Fifa, le Jabulani. Liberté : Que pensez-vous du match Algérie-Angleterre ? Bruce Grobbelaar : Franchement, je ne m'attendais pas que l'Algérie puisse montrer un tel niveau après ce que j'ai vu lors du premier match. L'équipe algérienne a réussi une partie de haut niveau. Ils étaient bons sur tous les plans. Même si j'avoue n'avoir pas reconnu l'Angleterre dans ce match, cela ne réduit en rien quant à la valeur des Algériens qui méritent amplement le point du match nul. Et surtout sa qualification pour le Mondial qui n'a pas été du tout facile, concrétisée notamment lors du dernier match des éliminatoires à Khartoum. Vous avez suivi le match de Khartoum ? Effectivement, j'ai vu le match à partir du Canada (il exerce là-bas comme entraîneur). J'avoue que j'ai été très content que l'Algérie puisse enfin renouer avec une Coupe du monde après une longue absence, surtout par rapport à ce que les joueurs avaient enduré lors de leur voyage en Egypte. En tout cas, ils ont su merveilleusement bien rendre la monnaie de la pièce à leurs adversaires en les battant sur un terrain neutre. Ce genre de comportement n'est, en tout cas, pas étranger aux Egyptiens. Pour l'Algérie, je pense que parvenir à se qualifier à une Coupe du monde est déjà une victoire et un grand exploit. C'était exactement vingt-quatre ans d'absence à une Coupe du monde… Cela fait trop pour une grande nation de football comme l'Algérie. Je parle en connaissance de cause, car j'ai déjà affronté l'EN algérienne dans les années 1980, celle des Drid et consorts, et je connais les potentialités dont dispose votre pays en matière de football. Vous avez parlé de la mésaventure des joueurs algériens en Egypte. Là aussi, vous devez parler par connaissance de cause, n'est-ce pas ? Tout à fait, et c'est pour cela que je dis que ce genre de comportement n'est pas étranger aux Egyptiens. On l'a vérifié à nos dépens bien avant les Algériens. Vous vous souvenez, je pense, de ce match des éliminatoires du Mondial contre cette sélection en Egypte, alors que j'étais encore gardien de but du Zimbabwe. J'ai pris un projectile sur la tête en plein match, ce qui a entraîné l'arrêt du jeu. La Fifa a décidé de faire rejouer la rencontre en France, et on a réussi à les éliminer. Depuis le début du Mondial, on assiste à un débat sur la qualité du nouveau ballon (Jabulani). Plusieurs joueurs, mais surtout les gardiens de but, l'ont contesté. En votre qualité d'ancien gardien international, qu'en pensez-vous ? Franchement, je pense que si l'on a conçu un nouveau ballon, c'est pour améliorer justement le niveau de jeu, et non pas pour mettre en difficulté au désavantager les keepers. Je ne pense pas que ce soit un plan anti-gardiens. En plus, je pense qu'un gardien de but, ça attrape des ballons. Le rôle d'un gardien se limite à rester concentré pendant les 90 minutes pour ne pas encaisser de but. Maintenant, si l'on fait des bêtises, il est inutile d'incomber la responsabilité aux autres, et surtout pas aux ballons. Mais que pensez-vous de la qualité justement du ballon ? Vous savez, c'est un débat. Chacun peut dire ce qu'il veut. En football, c'est connu. Après tous les quatre ans, on change de ballon tout en essayant d'améliorer sa qualité. Je ne pense pas qu'il soit de moindre qualité. C'est sans nul doute un sentiment particulier d'assister à une première Coupe du monde dans le continent africain auquel vous appartenez… C'est une fierté pour tout Africain que notre continent puisse organiser une manifestation de cette envergure. Je tiens à rendre hommage à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela pour le grand travail qu'il a dû faire afin de permettre à notre Afrique d'accueillir, pour la première fois de l'histoire, cette Coupe du monde. Je pense que l'Afrique a jusque-là prouvé ses potentialités qui n'ont rien à envier aux Européens. Et je suis persuadé qu'il y a d'autres pays africains qui sont en mesure d'organiser une Coupe du monde, surtout ceux du Nord comme la Tunisie, le Maroc, l'Algérie et l'Egypte.