Depuis hier et jusqu'au 30 juin prochain, la galerie Racim abrite l'exposition de l'artiste Rachid Nacib. Le vernissage a eu lieu avant-hier, en présence d'amis du plasticien et d'autres artistes peintres et photographes. S'étalant sur une dizaine de jours, cette exposition qui sort des sentiers battus, n'est pas une présentation de photographies au sens propre du terme. Ce sont des phototypes. “C'est un procédé né sur le support photo” explique Rachid Nacib. En fait, les œuvres accrochées sur les murs de la galerie ne sont pas ou plus des photographies. C'est tout un travail artistique qui a été effectué sur elles. Elles deviennent un support à la folie artistique de Rachid Nacib qui choisit le sujet qui l'intéresse, à partir d'une photo lui appartenant ou autre. Et c'est à partir de là que commence le travail d'interprétation picturale. Il transforme les photographies en taches d'encre. Des taches éparses, éparpillées çà et là, certaines fixes, d'autres diluées, “en référence à la peinture” dira-t-il. Ayant pour thème “Force One”, en référence à l'avion présidentiel américain, cette exposition se veut un décollage de l'esprit, du regard et de la vision artistique. “Pendant longtemps, on a conçu la photo comme une image morte. Mais la peinture peut aussi s'il y a absence de souffle (…)”, expliquera-t-il encore. C'est cette force et cette énergie qui sont reflétées à travers ses toiles. Son inspiration, il la tient de son quotidien, de ce qui l'entoure. Il la puise de l'actualité. Il n'y a pas de frontières, tout est intéressant pourvu que le sujet le captive et attire son attention. Le support, il trouve sur internet. “Les nouvelles technologies font partie de mon travail.” Par ailleurs et hormis le thème principal, d'autres thèmes sous-jacents se greffent, donnant plus d'ampleur au travail et surtout une profondeur non des moindres. Car passé le premier regard, le visiteur aura plusieurs et différents niveaux d'interprétation. Il y découvrira un univers hétéroclite, épars, multiple. Des personnalités connues ou pas. La culture est présente à travers Nedjma de Kateb Yacine, l'économie à travers Mao Tsé-toung, la poésie via Si Moh U M'hand et Mahmoud Darwich, la résistance avec les Palestiniens recherchés par Israël, l'histoire à travers l'Emir Abdelkader qui symbolise, pour lui, la philosophie et le spirituel. Si ces séries reflètent le monde dans lequel baigne et se nourrit l'artiste, elles montrent aussi son ouverture d'esprit. Et c'est cette ouverture que Rachid Nacib veut exprimer. Par ouverture, entendre et comprendre universalité : “Il ne faut pas se sentir uniquement d'ici, on est du monde.” “Force One”, plus qu'un appel à l'universalité, c'est une quête d'unité. Plus qu'un thème, ce sont huit séries de phototypes qui défilent tel un film.