Voilà qui devrait sans doute secouer le parlement, frappé d'immobilisme : vingt-cinq députés, issus de plusieurs partis politiques, ont demandé au premier responsable de la chambre basse du parlement, par le biais d'une missive, de procéder à la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur la corruption : un phénomène qui a gangrené la sphère politico-économique. Dans son exposé des motifs, l'ex-député du RCD, Ali Brahimi, délégué des signataires, soutient que “la corruption s'est imposée ces dernières années comme un sujet central de la vie publique”. “Les scandales se suivent à une cadence de plus en plus effrénée. Ils révèlent toujours plus la profondeur et l'étendue du mal, son incommensurable volume et les graves et divers niveaux de responsabilité qu'il met en cause. Il n'est pas exagéré de dire qu'après le terrorisme, c'est la deuxième menace la plus dangereuse contre la sécurité nationale”, note-t-il. Selon lui, l'absence de communication officielle sur cette “déviance” et “l'impunité qui paraît l'entourer sont deux autres caractéristiques spécifiques très préoccupantes”. Le député de Bouira ne manque pas aussi d'égrener les diverses manifestations du fléau. “Depuis l'étape de leur conclusion jusqu'à la réception définitive, les projets publics sont sous la menace d'un droit de cuissage d'un autre âge. Les fréquents excès du recours à la procédure du gré à gré dans les marchés publics, la multiplication des sous-traitants et la succession continue des contraintes bureaucratiques intéressées occasionnent d'énormes surcoûts qui s'ajoutent à ceux nés de l'insuffisante maturation des projets”, soutient-il. Mais au-delà du constat, les signataires, dans une démarche didactique, suggèrent, outre l'examen du rôle des instances appelées à lutter contre le fléau, d'évaluer les méthodes de lutte, le cadre juridique et de déterminer le degré de contamination de tous les segments impliqués dans la dynamique économique. Bref, il s'agit, résument les signataires, “d'enquêter sur l'ampleur, les sources, les méthodes et les niveaux de responsabilité de la corruption en Algérie puis de proposer les correctifs juridiques et institutionnels susceptibles de mettre un terme à l'hémorragie qui saigne les ressources de la nation”. Reste maintenant à savoir quel sort sera réservé à cette demande. En plus des incertitudes qui pèsent sur la mise en place d'une telle commission, ses conclusions risqueraient fort de finir dans les tiroirs. Comme celles de la commission d'enquête sur la fraude électorale en 1997.