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“L'opportunité d'organiser les assises de l'expertise algérienne”
Abdelhamid Ouaret, DG de Vérital, à propos de la préférence nationale
Publié dans Liberté le 06 - 07 - 2010

Liberté : Vérital a beaucoup d'activités d'expertise, disons ?
Abdelhamid Ouaret : En effet. Elle a pour principale vocation la promotion de la sécurité des personnes et des biens dans tous les secteurs des transports, de l'industrie et de la qualité. Nos activités consistent, en Algérie et à l'étranger, dans les contrôles techniques (requis selon les règles tant nationales qu'internationales) des transports (aériens, maritimes, terrestres), de l'industrie et le contrôle de conformité des produits. Il y a là-dedans beaucoup de besoins pour des activités d'expertise pluridisciplinaires.
On parle de plus en plus de préférence nationale dans le plan 2010-2014. En matière de réalisation et en matière d'études et d'expertise, l'expertise algérienne peut-elle saisir les opportunités ?
Rien à dire sur le plan en lui-même : simplement, il faut établir une revue de l'expertise qui doit accompagner ce plan. À ce propos, quand va-t-on organiser les assises de l'expertise algérienne, une revue de l'expertise qui doit accompagner ce plan ? Il faut bien, maintenant, examiner les disponibilités, identifier les besoins et les points forts pour cela.
à Vérital par exemple ?
Dans mon domaine, l'expertise existe, elle est disponible. Notre ministre de tutelle, le ministre des Transport, a même décidé de nous confier l'expertise en matière de sécurité du transport ferroviaire, le rail et le métro particulièrement. L'état se soucie de la sécurité des transports, et nous faisons ça justement pour le compte de l'état. Les entreprises de transport sont à l'aise lorsque leur matériel est certifié conforme aux standards internationaux en matière de normes de sécurité. Vérital, comme dans nos métiers de base, la navigation aérienne entre autres, ce sont des experts algériens, parmi les premiers certifiés en Europe.
Aussi, la circulaire Ouyahia qui limite le recours à l'expertise étrangère et vise ainsi à confier le maximum d'études aux organismes algériens vous conforte…
Oui, elle est formidable. C'est un excellent signal qui met du baume au cœur. Après cette, circulaire et la note du président de la République, cela nous donne des ailes. Nous avons constaté que les labels étrangers dont on fait cas à tout bout de champ, ne sont pas organisés chez nous pour donner, de manière loyale, toute l'expertise qu'ils ont réellement. Ils donnent le minimum qu'ils peuvent donner. Et j'étais, et je suis toujours contre le fait que l'expertise algérienne était donnée d'avance perdante devant ces labels.
Mais il ne s'agit pas pour nous de nous imposer en vertu d'une circulaire des autorités, loin de là. Mais d'aller plus loin pour servir efficacement les entreprises, les projets et l'économie nationale et les accompagner avec l'expertise locale, seule en position de comprendre les spécificités locales.
Je le répète donc. Après la circulaire du Premier ministre, il faut maintenant un suivi. C'est-à-dire, en plus d'une préférence nationale dans l'attribution des marchés ?
Ce serait dommage de s'arrêter là. Il ne s'agit pas seulement de marchés, mais de toute l'économie nationale. Il s'agit de structurer cette expertise, l'organiser, la promouvoir. Il faut vraiment que cela procède d'une volonté : cela doit faire même l'objet d'une politique économique, avec des objectifs, une stratégie, des moyens. Un véritable plan comme c'est le cas pour d'autres secteurs, hydrocarbures, industrie, éducation, qui, d'un point de vue technique, instituerait des clubs de réflexion organisés, structurés qui doivent discuter sur la manière de promouvoir l'expertise algérienne au niveau de l'université, des grandes écoles y compris celles privées dont certaines sont excellentes. De manière à ce que l'expertise algérienne prenne en charge la totalité du fonctionnement de toute l'économie, y compris ses besoins à terme rapproché, l'environnement, par exemple, la sécurité et les formations en qualité.
À titre d'exemple, il y a quelques années, le scepticisme était général sur les capacités de Vérital en matière de supervision de la sécurité aéronautique et nous avions subi tous les audits internationaux requis en la matière. Toutes les conclusions ont été positives et en faveur de Vérital. Nous sommes bien meilleurs que beaucoup de pays étrangers qui étaient venus nous donner des leçons. C'est pour dire que l'expertise algérienne existe, elle est réelle, il faut simplement “l'activer”, la reconnaître, quoi ! Questions moyens, il n'en faut pas beaucoup. Et si on organisait ce savoir-faire au niveau national, la reconnaissance internationale viendra.
Bureau Veritas (BV), votre homologue français, a quitté un partenariat avec vous qui semblait bien fructueux. Pour quelles raisons ?
Un échec qu'il faut assumer. Au début, un projet mal maturé d'un partenariat sur 15 ans dans des domaines qui nécessitaient au moins un demi-siècle pour se développer, c'était une erreur d'échéancier. BV n'a pas lâché Vérital, comme il l'avait annoncé.
C'est faux. Veritas avait quelques références peut-être dans la marine : et même dans ce domaine, il avait pris tous les experts algériens pour les employer dans d'autres pays, Abou Dhabi entre autres.
Dans les autres domaines, BV ne nous a jamais aidés : autrement dit, c'était un contrat d'arnaque.


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