Passionnants et détonants, les débats qui jalonneront les travaux de la session d'automne de l'APN, qui s'ouvre aujourd'hui, le seront assurément. Cet ultime cycle parlementaire avant le grand rendez-vous d'avril 2004 – l'élection présidentielle – s'annonce à la fois décisif et explosif. D'abord, eu égard au contexte politique dans lequel la reprise des travaux de l'Assemblée intervient, caractérisé notamment par la campagne de harcèlement qui cible les journaux consécutive aux grands scandales portés sur la place publique et qui mettent en cause de hauts responsable de l'Etat. Une question qui déteindra certainement sur les débats au palais Zighoud-Youcef, d'autant que le parti du FLN promet de demander une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire des journaux suspendus. Le pôle de l'Assemblée Et en parlant du FLN, ce parti polarisera tous les regards des observateurs sur le comportement que comptent adopter ses élus face aux textes de lois qui seront soumis à l'adoption. Détenteur d'une confortable majorité, le parti de Ali Benflis, présenté comme le futur concurrent de Bouteflika, ira-t-il jusqu'à défier son adversaire en lui bloquant ses projets de lois au risque d'aboutir à une crise institutionnelle inédite ? Pour improbable qu'elle paraît, cette éventualité n'en est pas moins envisageable quand on connaît la détermination des responsables et des militants du FLN d'en découdre avec le président-candidat le moment venu. Et l'APN est certainement l'arène idoine pour les députés de Ali Benflis qui voudraient alerter officiellement les autorités sur la campagne déclenchée contre leur parti pour l'amener à soutenir Bouteflika. Une offensive attendue Sur ce point, l'on s'attend à une offensive du groupe parlementaire du FLN dans une Assemblée qu'il contrôle parfaitement. Les observateurs attendent aussi de voir si les élus du vieux Front remettront sur le tapis les fameuses ordonnances signées par le président de la république pendant l'intercession de l'APN. Il est notamment question de la loi modifiant celle sur la monnaie et le crédit qui, d'après certaines sources informées, ôte à la banque d'Algérie le droit de regard sur les recettes en devises de nos entreprises exportatrices. Résolument contre la privatisation de Sonatrach et au-delà de tout ce que prévoit le projet de loi sur les hydrocarbures, le FLN devrait donc imposer un débat sur cette question. Ceci d'autant plus que le recours du Président à la législation par ordonnance n'est pas tout à fait justifié dans la mesure où l'adoption de ces textes ne revêt pas un caractère d'urgence. C'est donc une pirouette utilisée par Bouteflika pour contourner le parti majoritaire. Le parti de Ali Benflis tentera, une fois n'est pas coutume, de peser sur les travaux de l'Assemblée populaire nationale à travers les propositions de loi que ses députés feront durant cette session. Le FLN compte, en effet, soumettre au moins deux projets de loi distincts ; l'un relatif au code communal et de wilaya, et l'autre à la loi électorale. On n'exclut pas aussi que les députés de ce parti remettent sur le tapis le fameux projet de loi portant sur la réforme de la Fonction publique qui moisit depuis longtemps dans les tiroirs du gouvernement. C'est dire que la session qui s'ouvre aujourd'hui et qui “opposera” le gouvernement de Ahmed Ouyahia aux députés de Ali Benflis, servirait de répétition générale à la grande confrontation de campagne entre le même Ali Benflis et le Président sortant Abdelaziz Bouteflika, dans un duel où tous les coups seront permis. H. M.