“Je suis très ému de me retrouver aujourd'hui parmi vous. Votre aimable politesse et votre honorable geste qui consistent à organiser cette rencontre me laissent sans voix. Je suis très ravi de partager avec vous ces moments de plaisir et de bonheur (…). Je pense que le plus important n'est pas de se contenter d'organiser des hommages, mais plutôt de continuer à travailler davantage pour développer notre culture”, a lâché d'une voix nouée le cinéaste Abderrahmane Bouguermouh, visiblement affaibli par le poids des années, au cours d'une table ronde organisée jeudi dernier à la maison de jeunes d'Ouzellaguen, par l'association d'activités de jeunes (AAJ) Horizons de la même municipalité. Diffusée en direct sur les ondes de Radio Soummam de Béjaïa, cette rencontre-débat a vu la présence des invités de marque, à l'image du cinéaste Ali Mouzaoui, Belkacem Hadjadj, le réalisateur du film Machahou d'expression amazigh, Hamida Aït El-Hadj, metteur en scène et ex-directrice de la maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa, Tadjer Hayat, l'une des actrices de la Colline oubliée, Brahim Tayeb, célèbre chanteur kabyle, le docteur Malika Baraka, cardiologue et ancienne militante de la cause berbère, Hacène El-Hadj Aberrahmane, ex-directeur de la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, actuellement directeur de la cinémathèque d'Alger, le P/PAC d'Ouzellaguen, des artistes locaux… Chacun des invités est allé de son propre témoignage sur ce grand réalisateur du premier film d'expression amazighe. Ils ont été unanimes à dire que “Bouguermouh Abderrahmane, tout comme son frère, le regretté Malek, est un homme exceptionnel. Au-delà de son talent de cinéaste professionnel, il est un intellectuel hors pair”. À noter que Abderrahmane Bouguermouh a tenu à déplorer que la bande originale de son film la Colline oubliée est toujours prise en otage par une boîte de production établie à Paris. Un fait dénoncé par l'assistance, qui prive le réalisateur de ses droits d'auteur et pénalise les férus du cinéma amazigh de la reproduction d'un tel chef-d'œuvre cinématographique. Une exposition de photos et autres coupures de presse a lieu dans le hall de la maison de jeunes d'Ouzellaguen, où se déroulent ces trois journées culturelles dédiées à Abderrahmane Bouguermouh. Une conférence-témoignages sur la vie et le parcours de ce cinéaste de renom, suivie de la projection d'un panorama du film amazigh, a été organisée, hier, au niveau de la même maison de jeunes. Aujourd'hui, pour une clôture en apothéose, les animateurs de la dynamique association Horizons ont décidé d'organiser un grand gala artistique, à partir de 18h, animé par une kyrielle de chanteurs kabyles.“Hommage à un homme, pour que nul ne l'oublie”, voilà l'objectif recherché par l'association Horizons qui entend rendre hommage à l'enfant prodige d'Ouzellaguen, de son vivant !