Les retombées de la “fuite” (91 000 documents et mémos internes de l'armée américaine) sur la guerre en Afghanistan, publiés sur le site “WikiLeaks”, continuent de faire des vagues. Le Pentagone a essayé de faire porter le chapeau à un bidasse de seconde classe, ajoutant à la confusion sur ce dossier vrai casse-tête pour Obama. Ce dernier a tenté de minimiser l'importance des documents, relevant qu'ils ne révèlent “rien qu'on ne savait déjà”. Et surtout, ils datent de décembre 2009, donc de l'époque Bush. Rien n'y fait, puisque même Karzaï, l'homme des Américains à Kaboul, s'est cru autorisé à ruer dans les brancards, exigeant des mesures contre le Pakistan dont les “fuites” ont révélé les connivences avec les talibans. En effet, les situations rapportées par “WikiLeaks” ne sont pas flatteuses pour Washington : liens supposés entre le Pakistan et les talibans, bavures de l'armée américaine passées sous silence, existence d'une unité secrète des forces spéciales chargée de liquider les chefs ennemis sans procès, échecs répétés des forces alliées sur le terrain... Avec ces publications, des analystes de Washington évoquent une situation similaire à celle de la fuite des Pentagon Papers, en 1971, qui avait contribué à rendre la guerre du Vietnam plus impopulaire. Des voix aux Congrès et au Sénat en profitent d'ailleurs déjà pour réclamer un retrait immédiat. “Amérique, réveille-toi”, ont lancé mardi devant le Congrès, Denis Kucinich, un démocrate de gauche et le libertaire Ron Paul. Ces critiques n'ont toutefois pas empêché la Chambre des représentants de débloquer près de 60 milliards de dollars pour le financement de l'envoi des 30 000 soldats supplémentaires annoncés par Obama en décembre. Camouflet pour le président, le vote est passé avec le soutien de plus de républicains que de démocrates. Au sein des populations, si une majorité soutient toujours la décision du président, 38% estiment qu'envoyer des renforts était une erreur.