Le wali de Tlemcen de l'époque, qui annule tous les actes devant permettre la réalisation du projet ainsi que la résiliation des contrats relatifs au cadastre sur lequel le projet est lancé. “Les contacts” indirects lui font comprendre que la voie de règlement de son affaire est ouverte pour peu qu'il daigne faire quelques “concessions”. En déposant, en 1988, un dossier pour la réalisation d'un motel et d'une station-service à Mansourah, dans la wilaya de Tlemcen, Abdelhafid Benmaâmar était loin de se douter qu'il allait vivre un calvaire de plus de vingt ans. Bien que n'étant pas la seule victime dans le genre, son histoire mérite d'être portée à l'attention des hautes instances du pays, ne serait-ce que pour dénoncer, encore une fois, ce mal appelé corruption. Qu'on en juge. En 1991, le promoteur achète auprès de l'agence foncière intercommunale de Tlemcen un terrain à l'effet de concrétiser son projet qui, faut-il le rappeler, entre dans le cadre de la promotion de l'activité touristique de la région. En 1992, il reçoit l'accord de l'APC puis de la daïra, approuvé par un arrêté du wali et de là, les autorisations des différentes directions concernées (Protection civile, santé et protection sociale, les mines et l'industrie, les industries pétrolières, l'APSI, le prêt bancaire). Il obtient, enfin, le permis de construire et met en chantier son projet. Il ne tardera pas à déchanter et, dès 1996, surgit une série de problèmes dont le principal auteur n'est autre que le wali de Tlemcen de l'époque qui annule tous les actes devant permettre la réalisation du projet ainsi que la résiliation des contrats relatifs au cadastre sur lequel le projet est lancé. “Les contacts” indirects lui font comprendre que la voie de règlement de son affaire est ouverte pour peu qu'il daigne faire quelques “concessions”. Commence alors la galère de M. Benmaâmar qui refuse de céder au chantage. “On m'a bien fait comprendre qu'il fallait donner une tchippa conséquente pour pouvoir reprendre les travaux, faute de quoi je risquais de perdre tout. Je ne pouvais accepter une chose pareille, sachant que l'investissement en question de 12 millions de DA dépendait du prêt bancaire contracté à un taux incroyable de 27%. J'étais convaincu que je ne devais rien à personne dans la mesure où le dossier lié à ce projet n'était entaché d'aucune irrégularité”, nous confie-t-il. Il s'en remet à la justice, certain qu'il finira par obtenir gain de cause. Du moins sur papier. Du tribunal de Tlemcen à Oran jusqu'à la Cour suprême et, enfin, le Conseil d'Etat, l'appareil judiciaire lui donne, en effet, raison. En 1998, l'arrêt rendu par la quatrième chambre du Conseil d'Etat stipule que le wali de Tlemcen est tenu de délivrer à Abdelhafid Benmaâmar l'autorisation d'exploiter le motel et la station-service réalisés dans le cadre d'un investissement privé. Cependant, cet investisseur est loin d'être au bout de ses peines. En 1999, la wilaya lui demande un dossier modificatif, son compte est bloqué en raison du poids des agios et le fisc se met de la partie pour lui notifier une décision de redressement fiscal pour un projet qui n'était réalisé, à l'époque, qu'à 70%. Les tracasseries se poursuivent mais, en 2003, le nouveau wali prend en charge le dossier suite aux demandes d'audience adressées par le promoteur et décision est faite pour sa régularisation. Là encore, rien n'est gagné et les parties occultes sont résolues à briser ce projet tant convoité. “La Badr et la BNA, principaux créanciers, font actionner les enchères accordées par le tribunal compétent. Le malheur est que je n'ai appris cela qu'à travers la presse”, dira le promoteur dépité. Pis encore, il constatera par la suite qu'un sénateur, dont il avait sollicité l'aide, s'est montré intéressé par l'enchère en proposant 6,9 milliards de centimes. Ce dernier s'est, toutefois, désisté en prenant connaissance des dispositions de l'article 21 de la Constitution. La valse des montants des enchères liées au projet sont “fluctuantes”. “Alors que trois experts d'Alger font une estimation de 15 milliards de centimes en 2008, un jugement, rendu et publié en 2010, déclare le projet vendu pour un montant de 5 milliards au profit d'un prête-nom de la mafia locale. Quant à mon dédommagement, je ne sais si je dois en pleurer ou en rire : il s'est rétréci comme une peau de chagrin. Un motel de 20 chambres et une station-service réalisés à 70%, ainsi que ma propre maison me rapportent, après vingt ans de galère, pas plus de 20 millions de centimes dont je me suis d'ailleurs désisté au profit d'une association de lutte contre le cancer. Aujourd'hui, je me trouve financièrement dans une situation dramatique et n'étaient certains amis qui continuent de me soutenir et venir en aide, ma familles et moi serions à la rue. Pour ma sécurité et celle de mes enfants, j'ai été contraint de quitter Tlemcen pour me réfugier à Alger. Fils d'une famille de patriotes de la première heure, j'ai toujours choisi de rester dans mon pays quand des opportunités m'étaient offertes pour aller vivre dans de meilleures conditions ailleurs. La seule voie de recours qui me reste, à présent, est celle du Président de la République dont je sollicite l'intervention car, j'ai toutes les preuves qu'on m'a floué et que mon projet est très convoité par la mafia locale”, confie M. Benmaâmar.