Le président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat a estimé que la “feuille de route” internationale vers la paix au Proche-Orient et la création d'un Etat palestinien était “morte” en raison de l'agression israélienne. “La feuille de route est morte, mais seulement à cause de l'agression militaire israélienne ces dernières semaines”, a déclaré Arafat, dans l'interview à CNN, réalisée à Ramallah, en Cisjordanie, publiée sur le site Internet de la chaîne américaine. Le dirigeant palestinien a également estimé que les Américains avaient laissé tomber la “feuille de route”, plan de paix avancé conjointement par les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie et les Nations unies, notamment devant les préoccupations provoquées par la situation en Irak. L'approche des élections présidentielles américaines a également constitué, selon lui, un obstacle à la mise en œuvre de ce projet. Israël, qui a affirmé vouloir mener une “guerre totale” contre les islamistes du Hamas, principal mouvement radical palestinien cible de six raids israéliens en treize jours, a agité à nouveau mardi la menace d'une expulsion “à court terme” de Yasser Arafat. “Arafat représente un obstacle très important pour Mahmoud Abbas et pour tout processus politique (...), nous avons commis une erreur historique en ne l'expulsant pas, il y a deux ans, mais nous allons traiter ce dossier à court terme, sans doute avant la fin de l'année”, a déclaré le ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, à la radio militaire israélienne. Selon des informations de presse, la majorité du cabinet israélien est en faveur d'une expulsion, mais les services de sécurité d'Israël ont prévenu que l'exil du leader palestinien pourrait accroître sa “capacité de nuisance”. En privé et sous le couvert de l'anonymat, des responsables du département d'Etat ont indiqué, toutefois, que les Etats-Unis souhaitaient obtenir des clarifications d'Israël après que M. Mofaz eut relancé l'idée d'une expulsion de Yasser Arafat, précisant que Washington voulait notamment savoir si le ministre de la Défense avait parlé à titre personnel ou si ses propos reflétaient les vues du cabinet du Premier ministre, Ariel Sharon. Le président de l'Autorité palestinienne, confiné depuis 20 mois dans son quartier général de Ramallah par l'armée israélienne, a, par ailleurs, affirmé que les différends entre lui et le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas avaient été exagérés. Au cours des dernières semaines, les Etats-Unis ont accru leur pression sur Yasser Arafat pour qu'il remette l'entière responsabilité de l'appareil de sécurité palestinien à Mahmoud Abbas, afin de mettre au pas les groupes militants comme le Hamas et le djihad islamique. Le porte-parole du département d'Etat Richard Boucher a renouvelé cette demande mardi. Arafat “doit coopérer avec le nouveau gouvernement, il doit remettre au nouveau gouvernement le contrôle des services de sécurité qui étaient encore sous son contrôle afin qu'il puisse y avoir une action réelle et efficace du gouvernement palestinien contre les groupes terroristes”, a-t-il déclaré. Du côté palestinien, plus de 200 personnalités politiques, universitaires et autres responsables ont pressé mardi, dans une pétition, M. Arafat et son Premier ministre, Mahmoud Abbas, de mettre fin à leur lutte pour le pouvoir avant une réunion du Parlement palestinien prévue cette semaine. “Il est vital pour la direction palestinienne de repousser toute tentative de l'ennemi de notre peuple, spécialement le gouvernement d'occupation israélien, de saboter notre unité nationale”, affirment les signataires. M. Abbas doit défendre jeudi devant le Conseil législatif palestinien (Parlement) le bilan de son gouvernement depuis son entrée en fonction en avril et pourrait demander un vote confiance. À Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, un activiste du mouvement islamiste djihad islamique a été abattu mardi à un barrage routier proche. Un autre Palestinien a succombé mardi à la suite des blessures qui lui avaient été infligées la veille à Gaza lors d'un raid israélien contre une voiture transportant des activistes du Hamas, selon une source hospitalière. Auparavant, une Palestinienne de 10 ans, blessée le 26 août lors d'un raid israélien dans la bande de Gaza, avait, elle aussi, succombé. D'autre part, mardi soir, deux enfants palestiniens, âgés de 14 et 12 ans, ont été blessés, dont l'un grièvement, par des tirs de soldats israéliens près de Naplouse (nord de la Cisjordanie). Et plusieurs obus de mortier ont été tirés dans la soirée contre des colonies de la bande de Gaza, causant des dégâts, selon une source militaire. Sur le plan diplomatique, le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Javier Solana, est arrivé mardi soir à Beyrouth pour des entretiens avec les dirigeants libanais, à l'issue d'un périple en Iran, Israël, Jordanie et Syrie.