La presse libanaise a rendu hommage hier au défunt président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, le qualifiant de «dernier des géants arabes». «Arafat est le dernier géant arabe. Les grandes figures ne meurent pas car elles jettent les jalons de l'avenir», affirme ainsi le rédacteur en chef du quotidien An-Nahar. «Le temps n'est pas à la tristesse, mais à l'unité», souligne pour sa part le quotidien As-Safir, appelant à «relever le défi et poursuivre le combat pour un Etat palestinien et pour libérer la mosquée Al-Aqsa et l'église de la Nativité de l'occupation israélienne». «Il n'y a pas de temps, ni pour le deuil ni pour la tristesse. Il faut soutenir le peuple palestinien qui est seul, assiégé par l'ennemi, confiné derrière un mur de l'apartheid et qui verse son sang tous les jours car il n'accepte pas une solution le privant de ses droits élémentaires». De son côté, le quotidien officiel syrien As-Saoura a rendu hommage à Yasser Arafat, saluant en lui «un défenseur des droits palestiniens» et a appelé les Palestiniens à renforcer leur unité nationale. «Avec sa disparition, la cause palestinienne et l'OLP perdent un combattant qui était attaché aux principaux droits palestiniens, notamment le droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers et au retrait d'Israël des territoires palestiniens occupés depuis 1967», indique le journal. La presse britannique, pour sa part, voit dans la mort de Yasser Arafat une opportunité pour relancer le processus de paix au Proche-Orient, à condition qu'un successeur se manifeste. «La feuille de route de l'administration Bush suppose l'existence d'un interlocuteur palestinien solide», écrit The Guardian. «Avec la mort d'Arafat, il est possible qu'un tel personnage émerge», ajoute le quotidien.«De quelque manière que le passé est interprété, le présent offre une opportunité non annoncée pour faire avancer les perspectives de paix», souligne The Independent. «Si les Palestiniens organisent des élections qui apportent un leader tourné vers l'avenir, qui exerce l'autorité, les plaintes américaines et israéliennes selon lesquelles il n'y a personne avec qui négocier seront mises à l'épreuve», estime le journal. «L'opportunité est là. Mais elle ne sera pas là longtemps. Elle doit être saisie». Le Daily Mail affirme qu'il est «très dangereux» de laisser la crise du Proche-Orient couver et qu'elle mérite «au moins autant d'attention que l'Irak». «Trop d'opportunités ont été gaspillées», écrit le Daily Mail qui demande: «Est-ce trop d'espérer un nouveau départ?» Ces attaques à peine déguisées, trahissent toute la haine que vouent les alliés d'Israël à un homme comme Arafat. La presse française d'hier, estime quant à elle dans son ensemble que la mort du Président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a ouvert une nouvelle ère pour la recherche de la paix au Proche-Orient. Le Figaro (droite) estime ainsi que «la mort de Yasser Arafat, qui ne sut jamais se convertir totalement de terroriste en homme d'Etat, offre une chance unique à la paix». «Refuser la négociation parce que le raïs était le mauvais interlocuteur n'est plus possible. Ariel Sharon a perdu son alibi», ajoute le quotidien. Pour Libération (gauche), «ses successeurs, libérés de sa figure tutélaire mais paralysante, ne peuvent camper dans l'impasse sanglante d'une Intifada qui n'a pas la moindre chance de faire reculer Israël». Pour le journal, «Ils auront besoin de consolider leur légitimité, en prouvant qu'ils peuvent avancer sur la voie de l'Etat promis aux Palestiniens, et améliorer la situation de leur peuple en négociant avec Israël plutôt qu'en lançant des kamikazes». Le Monde (indépendant) se demande de son côté «s'il existe du côté israélien comme du côté palestinien, des dirigeants politiques qui croient sincèrement à la nécessité de (...) compromis et qui ont le courage de les imposer à deux peuples sceptiques et exaspérés. Et si les grandes puissances sont prêtes à s'engager, y compris sur le terrain, pour veiller à leur application». La Croix (catholique) se montre plus pessimiste. Après avoir estimé que Arafat «aura, au total, porté la Palestine jusqu'à l'avant-dernière étape d'un parcours sanglant vers l'existence», le journal ajoute que «ce parcours fut son terrible succès, l'absence de dernière étape restera son ultime échec. La Palestine reste à faire». Pour l'organe du Parti communiste français, l'Humanité, «en cette étape cruciale pour l'avenir du Proche-Orient, la mobilisation et la pression internationale sont de nouveau indispensables pour obtenir des dirigeants israéliens qu'ils respectent vraiment de nouveau leurs interlocuteurs palestiniens et acceptent d'entamer avec eux des négociations sérieuses pour un avenir de paix et de sécurité».