La visite effectuée mercredi dernier dans l'enclave espagnole de Melilla par l'ancien Chef du gouvernement conservateur espagnol, José Maria Aznar, vise “à perturber” les prochaines rencontres maroco-espagnoles, a déclaré jeudi le porte-parole du gouvernement marocain, Khalid Naciri. “Cette visite est une tentative de perturber, notamment, le voyage que doit effectuer le 23 août à Rabat le ministre espagnol de l'Intérieur Alfredo Perez Rubalcaba”, a déclaré Khalid Naciri, également ministre de la Communication, au cours d'un point de presse à Rabat. “Ce qui importe, c'est que les gouvernements du Maroc et d'Espagne œuvrent en commun pour régler les différends (bilatéraux) d'une manière sérieuse, qui prend en compte les intérêts des deux pays”, a ajouté M. Naciri. Le gouvernement socialiste espagnol a qualifié de son côté de “déloyale” la visite de l'ancien Chef du gouvernement conservateur, José Maria Aznar, en pleine période de tension avec Rabat autour de cette enclave espagnole située dans le nord du Maroc. C'est une visite “déloyale car elle ne contribue pas” à apaiser la tension à Melilla, à la suite d'accusations marocaines d'abus présumés de la police espagnole, a déclaré le ministre espagnol de l'Equipement, José Blanco. C'est une initiative “irresponsable et opportuniste”, a souligné à ce sujet le Parti socialiste au pouvoir (PSOE) à Madrid, rappelant qu'Aznar ne s'était jamais rendu en visite à Melilla lorsqu'il était à la tête du gouvernement (1996-2004). Des militants marocains ont brièvement bloqué mercredi le passage de camions de marchandise vers l'enclave pour protester contre des “violences” dont aurait été victime, début août, un étudiant marocain de la part de la police espagnole au poste frontalier de Melilla. Le Parti populaire d'opposition (PP, droite) accuse le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, de rester les bras croisés et de ne pas réagir assez fermement face à ces incidents et aux menaces de blocage aux frontières. Aznar a déclaré, mercredi, aux médias espagnols à Melilla que l'enclave était “à l'abandon” face à un “harcèlement” du Maroc et a apporté son “soutien” à la population de l'enclave. Pour apaiser la tension maroco-espagnole, le roi Juan Carlos d'Espagne s'est entretenu la semaine dernière au téléphone avec le roi Mohammed VI. Les deux parties ont convenu d'une prochaine visite au Maroc du roi d'Espagne, à une date à fixer ultérieurement. La tension entre les deux pays est née récemment lorsque le Maroc a accusé la police espagnole d'abus présumés contre des ressortissants marocains aux postes frontaliers de Melilla et Ceuta. En signe de protestation, des militants marocains ont bloqué, à deux reprises, l'entrée des camions de produits frais, à Melilla. Le Maroc a toujours considéré les deux enclaves espagnoles comme des “villes occupées”. Ce contentieux territorial est la source de tensions diplomatiques récurrentes entre les deux pays. Plusieurs autres incidents ont été signalés, depuis, aux postes frontières de Melilla et de Ceuta, l'autre enclave espagnole au Maroc, et le ministre espagnol de l'Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, est attendu lundi à Rabat pour en discuter avec son homologue marocain.