S'il est tout à fait clair que la question sahraouie relève d'un dossier de décolonisation inscrit dans l'agenda de l'ONU et ne pouvant, par conséquent, faire l'objet d'un chantage dans les relations bilatérales, Rabat persiste à refuser toute solution qui n'inclurait pas le Sahara occidental. Août 1994-août 2010 : 16 ans après les tragiques évènements dont a été victime une bonne partie de la communauté algérienne résidant au royaume du Maroc, Alger remet sur la table le dossier des terres et des biens confisqués. Ce n'est pas un hasard si le ministre délégué a choisi ce moment précis pour se rendre chez notre voisin de l'ouest pour affirmer que la question est au centre des préoccupations algériennes. Le timing n'est pas fortuit. Il coïncide avec le 16e anniversaire de la fermeture, par Rabat, des frontières terrestres accusant les autorités algériennes d'avoir une main dans l'attentat terroriste de Marrakech. Ce qui s'est avéré par la suite être une véritable propagande des services marocains contre une Algérie qui découvrait, à cette époque-là justement, les affres d'un terrorisme islamiste béni par le défunt roi Hassan II. 16 ans plus tard, les relations algéro-marocaines sont restées au stade du statu quo. Alger, qui a toujours plaidé pour un règlement global des problèmes en suspens dans la sérénité, a favorisé une approche de dialogue et de concertation loin de ce que Rabat considère être un contentieux historique en l'occurrence le Sahara occidental. S'il est tout à fait clair que la question sahraouie relève d'un dossier de décolonisation inscrit dans l'agenda de l'ONU et ne pouvant, par conséquent, faire l'objet d'un chantage dans les relations bilatérales, Rabat persiste à refuser toute solution qui n'inclurait pas le Sahara occidental. Le plus paradoxal dans cette démarche est que Rabat ne cesse de réclamer la réouverture des frontières pour des raisons évidentes de stabilité interne, mais refuse de céder sur d'autres contentieux. À commencer par les excuses demandées par Alger et qui n'ont pas encore été faites dans l'affaire de l'attentat de Marrakech, jusqu'à la contrebande, le trafic de drogue et d'autres dossiers aussi complexes les uns que les autres. Dans un message adressé au roi Mohammed Vi, le président Bouteflika a réitéré sa “détermination pour la consolidation des relations fraternelles et à les élargir pour englober tous les domaines possibles de coopération”. Le souverain chérifien l'entend-il de cette oreille ? Rien de moins sûr.