Face au flux grandissant des étudiants, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique sera obligé d'augmenter le nombre de places pédagogiques, d'infrastructures et de formateurs. Alors que le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique avait annoncé, lors des journées d'étude sur l'encadrement, qu'un million d'étudiants est attendu en 2008, on peut s'attendre à voir ce nombre doubler dans quatre ans si le ministère de l'éducation nationale continue, d'ici là, à enregistrer le même taux de réussite au baccalauréat que celui de cette année. “Effectivement, 42% de réussite à l'examen du baccalauréat, c'est un taux exceptionnel. Nous étions habitués à une évolution progressive, or nous sommes face à un bond très important. Il y a au moins 60 000 étudiants en plus qui vont rejoindre la communauté estudiantine cette année”, affirme M. Haouchine Mustapha, directeur de la formation supérieure et graduée au niveau du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il explique, par ailleurs, que “ce n'est pas une situation chaotique, mais elle est exceptionnelle. Nous serons obligés de trouver des solutions pour améliorer la gestion universitaire”, ajoute-t-il. Néanmoins, l'accueil des nouveaux bacheliers pour la rentrée universitaire 2004/2005 sera difficile, reconnaît-il. Selon notre interlocuteur, il faut prévoir un effort très important de la part du ministère de l'enseignement supérieur afin d'améliorer et de mieux exploiter la gestion des espaces et du temps pédagogiques. Il est question d'impliquer le gouvernement pour évaluer le besoin matériel et infrastructurel, il s'agira également d'augmenter l'aide complémentaire et d'ouvrir de nouveaux postes budgétaires pour le recrutement des formateurs et encadreurs, afin de palier le déficit en matière d'enseignement. Au chapitre de l'encadrement, le nombre total des formateurs de l'enseignement supérieur est évalué à 23 000 enseignants dont 3 500 seulement sont des enseignants de rang magistral. Quant à l'effectif global des étudiants, il est de l'ordre de 650 000 étudiants. Ce qui donne la proportion d'un enseignant pour 28 étudiants, alors que la norme internationale est de un pour 15. Outre ces faiblesses quantitatives, la qualité de l'encadrement n'est pas satisfaisante, dans la mesure où seulement 15% sont des enseignants universitaires de rang magistral. Notons que le déficit quantitatif et qualitatif n'est pas homogène dans tous les établissements universitaires, selon le ministre. à titre d'exemple, ce taux peut passer d'un professeur pour 28 étudiants dans un établissement à 1 enseignant pour 35 étudiants dans une autre université. “Nous n'avons pas suffisamment d'enseignants pour assurer les formations. Nous devrons engager en trois ans ce que nous avons recruté depuis l'indépendance”, estime M. Haouchine. Et d'ajouter : “il est clair que nous avons besoin d'une aide financière, d'une augmentation du nombre de places pédagogiques, mais le plus gros problème est l'hébergement”. Actuellement, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique assure un taux d'hébergement de 50%, c'est-à-dire qu'un étudiant sur deux bénéficie d'une chambre au campus. “Désormais, les problèmes socio-universitaires, tels que l'hébergement et le transport commencent à peser sur l'état. Il faut impliquer d'autres structures étatiques, voire même privées et responsabiliser l'étudiant”, préconise M. Khrarfia, chargé de communication au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Selon lui, le ministère de l'enseignement devrait solliciter un effort collectif auprès des autres structures, telles que le ministère des transports afin de renforcer les transports suburbains et de diminuer la tension sur les résidences universitaires. Il souhaite voir s'impliquer également les collectivités locales et autres structures ministérielles sous la tutelle pédagogique du ministère de l'enseignement supérieur, tel le ministère de la santé, pour prendre en charge le corps médical, ou encore le ministère du tourisme ainsi que le ministère de la jeunesse et des sports. “Nous travaillons sans relâche pour relever le défi et assurer un bon accueil pour les 200 000 étudiants qui vont rejoindre l'université, mais nous avons besoin de nouvelles infrastructures et de places pédagogiques pour optimiser cet accueil. C'est pour cela que nous avons mis sur pied une cellule de suivi de la rentrée universitaire”, rappelle-t-il. N. A.