Pour ce mois de Ramadhan, les habitants de Tamanrasset sont soumis à la chaleur caniculaire et au diktat des marchands. Tamanrasset ou le carrefour des marchands, où toutes les lois régissant le commerce sont enfreintes, notamment en ce mois de jeûne où l'on se demande si les autorités se soucient réellement de la santé du consommateur. On ne peut pas parler de l'ambiance de ce mois sacré sans faire une virée dans les différentes échoppes de la ville qui laissent facilement comprendre que le service fourni est pour le moins médiocre. Le constat fait sur le marché de détail situé au centre-ville est plus que frappant. On évolue dans une insalubrité éprouvante. Les prix sont exorbitants à l'heure où l'Etat avance des chiffres probants quant à la production des produits élémentaires. Ça brûle ! Le citoyen à faible revenu risque de revenir bredouille sans respecter les habitudes alimentaires du Ramadhan. Tenez-vous bien, la tomate fraîche est cédée à 200 DA le kg, la courgette, les haricots verts et la carotte à 120 da, alors que l'oignon et la pomme de terre sont à 60 DA le kg. La laitue, pourtant cultivée localement, est à 150 DA le kg. Pour la majorité des marchands, cette situation est due au manque de la production locale. “Nous sommes à la merci des transporteurs et distributeurs. Ils imposent leur loi, sachant que la demande est de plus en plus croissante dans cette région qui connaît une affluence remarquable chaque année, et ce, sans compter les touristes étrangers qui viennent en masse fouler le sol de cette ville”, nous déclare un marchand juste à l'entrée dudit marché. Il ajoute au passage que pour le mois de Ramadhan, et particulièrement pendant les premiers jours, “on ne parvient pas à satisfaire la demande, non seulement en matière de quantité mais aussi en qualité”. Si l'on déambule entre les différents étals, on se rend compte qu'en dépit des prix affichés, la qualité de certains produits donne des nausées. Néanmoins, on essaie de la fourguer aux consommateurs. Mohammed k. est du même avis, sauf que pour lui, la question reste posée quant aux produits cultivés localement et vendus à des prix excessifs, à savoir la laitue, le raisin et l'oignon. “Ces marchands sans foi ni loi ne respectent personne. L'essentiel pour eux est de faire fortune à moindre effort. Il faut dire qu'on est victimes des intermédiaires qui, imposant leur diktat, se sucrent sur le dos du simple citoyen, sachant que le raisin cédé par le fellah à 80 DA le kg, est exposé sur ce marché à un prix oscillant entre 200 et 230 DA/kg. C'est du vol. Où sont les commissions de régulation du marché où encore celles qui protègent le consommateur pour nous expliquer la possibilité d'un tel bénéfice ?” s'interroge-t-il, dépité. Et d'ajouter : “Avant le début du Ramadhan, j'ai tout acquis au marché de gros pour éviter cette spéculation, notamment la tomate, le poivron et la pomme de terre.” Même état de fait pour Rachid A. qui n'arrive toujours pas à comprendre un tel commerce en se contentant de citer pour exemple ceux qui vendent à l'extérieur du marché une marchandise achetée une minute avant à l'intérieur. La fin justifie les moyens, en effet. Le marché grouille de personnes. Une situation qui a fallu l'intervention de la police pour dégager les véhicules mal garés susceptibles de gêner la circulation automobile. Le moment de rupture du jeûne approche et tout le monde presse le pas pour vivre familialement ce moment en dégustant l'alléchante hrira. À Tamanrasset comme dans presque toutes les régions du Sud, on se contente de quelques dattes, un verre de lait et un bol de chorba, avant d'aller accomplir la prière des tarawihs et se laisser emporter par les chants psalmodiques des extatiques dévots. Des psaumes nourrissant l'esprit et entonnés d'une manière propre aux religieux du Sud. En quittant ces lieux saints, on ne trouve pas meilleur endroit que chez soi pour se rassasier et réciter le Coran ou trouver autre divertissement en attendant que la ville retrouve son animation ramadhanesque et son ambiance de fête ravivant les noctambules.