Résumé : Kahina n'ose pas espérer. L'idée de Maâmar n'est pas mauvaise, même s'ils n'auront qu'une chance sur cent de le retrouver parmi ceux qui organiseront les départs sur Alger pour la marche du 14 juin. Kahina a hâte d'être au matin pour commencer les recherches… 27eme partie Il est un peu plus de onze heures quand Kahina décide d'abandonner, lasse de demander après son fils pour la énième fois. Elle avait vu plus de vingt jeunes. Tous avaient vu Sami mais personne ne savait où il était. Tous lui avaient promis de lui dire de passer à la maison. Tous avaient juré qu'il allait très bien, mais comment les croire quand son fils ne s'est pas montré depuis plusieurs jours ? Serait-il en train de soigner ses blessures ? Attendrait-il d'être parfaitement guéri avant de rentrer à la maison ? Mais où pouvait-il être ? Kahina s'en va trouver la mère de Rachid. Celle-ci n'a pas vu son fils, même elle est sans nouvelles de Rachid. - Il doit être au village voisin ou à Tizi Ouzou, ou même à Béjaïa, émet Maâmar quand elle le rejoint devant la mairie. C'est sûr qu'il doit être en train de préparer quelque chose avec ses copains. Vous devriez rentrer, lui conseille-t-il. Je poursuis les recherches et je vous appelle dès qu'il y a du nouveau. Kahina secoue la tête et refuse de croire qu'elle aura des nouvelles de son fils aujourd'hui ou demain. N'ayant plus rien à faire dehors, elle rentre chez elle et se met au lit. Les larmes qu'elle verse la soulagent un peu, elle finit par s'assoupir l'après-midi. Aussi, quand des bruits venant de la rue la tirent de son lit, elle doit faire violence sur elle-même pour ne pas sortir et aller vers ces jeunes qui traversaient la rue, en appelant les habitants à être très nombreux à partir à Alger. Kahina savait que des véhicules seraient mis à la disposition des habitants désirant se rendre à la capitale pour donner plus de crédit à la cause de ces révoltés. Quand elle apprend à Maâmar qu'elle se rendra à Alger, il ne semble pas surpris. Il lui donne rendez-vous là-bas. - Avec un peu de chance, elle tombera sur son fils, se dit-il qui le souhaitait du fond du cœur pour elle. Elle ne mérite pas de souffrir autant. Il était évident qu'elle devait imaginer Sami blessé. Les propos rassurants de ses camarades ne l'avaient certainement pas convaincue. Sa façon de soupirer l'avait bouleversé. Mais il n'ignorait pas que toutes les mères kabyles étaient dans la même situation, qu'elles s'attendaient toutes à ce que le malheur frappe à leurs portes. Maâmar espérait qu'après la marche de jeudi, tous rentreraient chez eux et que tout redevienne comme avant. La vie devait reprendre son cours normal. Pour tous. Il fallait que la marche de ce jeudi sur Alger porte ses fruits, que les revendicateurs du peuple berbère soient reconnues et acceptées. C'était l'unique solution pour que le calme revienne dans les régions en feu et en sang. La marche draine une foule impressionnante. Dans le car qui les mène vers Alger, Kahina reconnaît des gens de son quartier. Elle serait allée leur dire bonjour si les brides d'une conversation ne l'avaient pas accrochée. Deux hommes assis derrière elle parlaient de jeunes qui seraient allés menacer les chauffeurs de car réticents. Le prénom de Sami revenait souvent. à suivre A. K.