Résumé : Les recherches dans le village ne donnent rien de concret. Les camarades ont beau lui affirmer qu'il va bien, Kahina n'y croit plus. Aussi, c'est sur un coup de tête qu'elle décide de participer à la marche de jeudi. Dans le car qui les mène à Alger, elle entend parler d'un Sami qui aurait fait certaines “choses”… 28eme partie -Qu'est-ce que tu dis ? Ce n'est pas possible, s'écrie l'homme âgé, assis devant elle. Tu parles bien du fils de Tahar, le routier ? Son fils est un garçon bien gentil. - Oui, reconnaît l'autre, mais cela ne l'a pas empêché d'être méchant. Hier, tard dans la nuit, il s'est rendu chez ceux qui étaient réticents et qui ne voulaient pas être solidaires. Ils craignaient pour leurs cars. Sami leur a juré que s'ils n'étaient pas devant la mairie à six heures, il se vengerait plus tard en les brûlants dès qu'ils rentreraient d'Alger. Ce ne sont pas des menaces en l'air. - Vous êtes sûr de ce que vous dites ? les interroge Kahina en se dressant sur son siège. Vous parlez bien de mon fils ? Je vous en prie, dites-moi ! Comment va-t-il ? Est-il blessé ? - Il va très bien, répond celui qui l'avait vu la veille au soir. Vous êtes bien sa mère ? Vous êtes l'épouse de Tahar ? - Oui, mais Sami n'est pas rentré depuis dix-sept jours. Je m'angoisse à l'idée qu'il lui soit peut-être arrivé quelque chose, leur confie-t-elle. Mais vous dites la vérité ! Il va bien ? - Je vous le jure ! dit-il. Il va très bien et il a eu la chance de ne pas être tombé sur les gendarmes ou sur les brigades anti-émeutes. Prions pour que la marche se passe bien. Bien que ce soit une prière, il n'y a aucune peur, aucune appréhension. Ça allait être une marche pacifique. Il n'y aura aucune provocation, aucun dépassement. L'ambiance dans le car était celle d'excursionnistes. Du poste cassette s'échappaient des chansons du chantre berbère Matoub Lounès. Parfois des youyous se faisaient entendre dans le fond du car et le rythme soutenu par le claquement des mains. Si le couloir entre les rangées des sièges avait été assez large, les jeunes debout auraient dansé avec joie. Pendant plus d'une heure, le chauffeur put conduire à vive allure mais une fois aux portes d'Alger, il est contraint à rouler au pas puis à s'arrêter. Les passagers en profitent pour se dégourdir les jambes. Kahina descend pour faire mieux connaissance avec les femmes. Toutes avaient un membre de la famille à être sorti dans la rue. Kahina en est soulagée. Ainsi son cher Sami n'était pas le seul à avoir négligé sa famille pour défendre la cause de toute la jeunesse. Il fallait tous les réunir pour se faire entendre, pour qu'il y ait une justice, des chances égales pour trouver un travail et avoir un logement. Deux choses capitales pour la réussite. Combien étaient-ils à être licenciés ? À se suicider sans aucune hésitation devant l'impasse, devant leur avenir bouché ? - Hé ! Mais qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi on ne peut pas avancer ? Kahina et les autres passagers étaient en train de regagner le car quand le chauffeur s'était mis à crier à la réponse d'un jeune. Les passagers se posaient des questions. Ils ne comprenaient pas pourquoi le chauffeur était furieux et insultait. Il ne répondait pas à ceux qui lui demandaient ce qui n'allait pas. Pour en savoir plus, certains descendent du car immobilisé et vont à la rencontre de jeunes qui rebroussaient chemin. Les nouvelles sont graves. Ils ne pourront jamais entrer à Alger. à suivre A. K.