Si le match contre la Tanzanie a été la goutte qui a fait déborder le vase, les prestations précédentes n'étaient pas meilleures. Si jusque-là le coach national Saâdane, assailli par les critiques à la suite d'un Mondial pour le moins qu'on puisse dire décevant, le faux pas de vendredi soir contre la Tanzanie, une formation inconnue du gotha africain, a arrondi encore plus les confins de la grogne pour atteindre la rue algérienne. Au stade Tchaker, surnommé le bastion des Verts, au nom d'une superstition dont lui seul a le secret, Saâdane a entendu des vertes et des pas mûres. Devant la médiocrité du visage affiché par les Verts depuis pas mal de temps déjà, la vox populi a fini par craquer. “Partez, Saâdane partez !” scandent à pleins poumons et à l'unisson les 40 000 supporters présents au stade Tchaker… au bout de 30 minutes de jeu. Pour les Algériens, le diagnostic est vite fait : celui qui a mené l'Algérie au Mondial 2010, au détriment de l'égypte doit descendre de son piédestal pour laisser la place à une rupture nécessaire. Incapable d'apporter des solutions à une équipe en pleine déconfiture et minée par un esprit défaitiste depuis un certain lourd affront essuyé contre l'égypte (4-0) lors de la CAN-2010, Saâdane, dixit “le public merveilleux” doit partir. Une remise en cause claire et nette de l'option adoptée à la fin du Mondial par les décideurs du football algérien qui ont préféré jouer la carte de la continuité avec les conséquences que l'on connaît désormais. Saâdane l'intouchable, qui “s'en fout” des critiques et qui n'a que faire des remarques des membres du bureau fédéral, est cette fois irréversiblement fragilisé par le courroux du peuple. Il est clair désormais que le chemin menant à la phase finale de la CAN-2012 est parsemé d'embûches. Ce qui s'apparentait à un simple duel entre l'Algérie et le Maroc avec même la possibilité de voir les deux pays se qualifier à la faveur d'une bonne récolte de points, prend désormais la tournure d'une page plus compliquée avec cet invité surprise à savoir la Tanzanie. Pour espérer se qualifier à la CAN-2010, les Verts doivent désormais récolter des points à l'extérieur et s'interdire tout faux pas à l'avenir. La tâche est devenue dure ! Mais le plus inquiétant dans cette affaire, ce n'est pas forcément le challenge qui attend les Verts mais l'état de déliquescence technique dans lequel se retrouve l'équipe. Une formation sans âme, sans projet de jeu, ni schéma tactique précis et un entraîneur qui n'a pas plus la maîtrise de son groupe. Aujourd'hui, il apparaît clairement que Saâdane n'offre plus les garanties nécessaires pour remettre l'équipe sur les rails. Avec un groupe de joueurs qui n'en fait qu'à sa tête et une fédération qui ne lui témoigne plus le même soutien, Saâdane était miné de l'intérieur et ne possédait plus les moyens de redresser la barre. Faillite est tactique L'échec de l'équipe nationale de football, vendredi soir à Blida contre la Tanzanie, est d'abord un revers tactique. Devant une équipe de Tanzanie dont on savait à l'avance qu'elle allait se cantonner forcément en défense, le coach national n'a pas réussi à mettre en place un dispositif tactique qui lui permet de percer la muraille d'en face pour au moins deux raisons. La première, c'est d'abord d'avoir privilégier, outrageusement, le jeu long à coup de passes longues et aléatoires. Pendant toute la partie, les joueurs, bien que dominateurs sur le terrain, ont préféré balancer des balles vers Ziaya et Djebbour pour tenter de surprendre un gardien tanzanien petit de taille mais à l'arrivée c'est le keeper qui aura eu le dernier mot. Au lieu d'insister sur la profondeur du jeu et le passage par les ailes, les coéquipiers de Yebda ont facilité la tâche à la défense tanzanienne. Ce penchant anodin au jeu aérien qui n'a rien à voir avec le jeu algérien fait de passes courtes et de rapidité d'exécution, est symptomatique de l'incapacité du staff technique à imprimer à cette équipe une vraie philosophie de jeu. L'équipe d'Algérie souffre d'un mal criant, elle ne sait plus construire son jeu et ses attaques. Elle ne se donne plus le temps de préparer la riposte ou le plan d'attaque. C'est la preuve qu'à l'entraînement, peu de choses sont faites par le staff technique. Et au milieu de cette médiocrité ambiante, Saâdane se permet même le luxe d'improviser comme cette décision irréfléchie et franchement hasardeuse de faire jouer Ghezzal sur le flanc droit alors que le gars est incapable d'enchaîner deux passes courtes avec un coéquipier (n'est-ce pas Ziani) ou d'adresser un centre correct. à sa place, même un vétéran comme Raho aurait fait mieux. C'est du pur bricolage. La seconde raison est liée au mauvais choix tactique de Saâdane qui a opté pour un semblant 3-5-2, alors que l'effectif qu'il a sous la main lui dicte peut-être un 4-3-3, plus efficace avec Boudebouz et Abdoun sur les ailes et une seule pointe en attaque. En somme, c'est assurément une opération de “desaâdanisation” qu'il faut adopter au plus vite pour éviter que l'équipe nationale ne sombre de nouveau dans les méandres de la décennie noire. Seul un changement de qualité à la tête de la barre technique est à même de provoquer le déclic et de rompre avec cette médiocrité ambiante qui règne au sein des Verts. Avec la démission de Saâdane, c'est désormais possible à condition que la FAF ne se trompe pas de choix de staff.