Le Théâtre régional de Tizi Ouzou a choisi l'humour et la dérision pour traiter de la société et de ses travers. Ce fut cathartique et thérapeutique pour les nombreux spectateurs du TRB, qui se déplacent en grand nombre pour assister aux représentations. Après la représentation de la pièce Rjal ya hlalef, du Théâtre régional de Béjaïa, le Théâtre régional de Batna a présenté El-Khamsa du Théâtre régional de Tizi Ouzou. Ecrite et mise en scène par Hamida Aït El Hadj et interprétée par Abdelmoumen Yasmina (Fatouma), Faïza Amel (Sajia), Amina Bejoudi (Linda), Sakri Karima (Allia), Sonia Azzeddine (Zouzou). Un décor simple représentant l'intérieur de la maison de Messaoud, un homme riche, propriétaire d'un bain maure. Polygame, Messaoud est marié à quatre femmes : Djamila (qui n'apparaît pas sur scène) Fatouma, Linda et Sajia. La pièce El-Khamsa, du genre comique, commence par la présentation des cinq personnages. Dans la discussion, des révélations en cascade présentent Messaoud comme un homme perfide, déloyal, un mâle stérile qui ne veut pas reconnaître son infertilité, son impossibilité de procréer, mais qui continue à se marier dans l'espoir de la procréation. Allia, une divorcée trop bavarde, révèle à Sajia, qui ne semble pas bien connaître son mari, que Djamila n'est pas la tante de Messaoud, mais sa première épouse. À son tour, Fatouma, qui déteste son mari, sort de sa réserve et présente Djamila comme une victime de Messaoud qui, après avoir profité de sa jeunesse et de ses biens, l'a placée dans une maison pour personnes âgées pour se remarier une cinquième fois. Par la moquerie, Hamida Aït El Hadj a cherché à révéler tous les défauts, les discordances, dans l'espoir de changer les choses. Refusant d'adhérer à cette société, et au nom de la vérité universelle, elle a choisi de l'attaquer avec une arme de choix : l'humour, en tournant en dérision tout ce qui appartient à cette société de mâles, en grossissant, en caricaturant leurs défauts et vices. Hamida Aït El Hadj cherche, à travers cette pièce, à dévoiler la fausseté et l'incohérence de la société et, en même temps, à poursuivre dans un but précis de pousser la femme à ne pas accepter son statut social de femme soumise et de revendiquer ses droits. El Khamsa demande une grille de lecture un peu spéciale ou une plus profonde analyse surtout que le sujet soulevé est celui de la condition de la femme. Le message est revendicatif et mérite des séances de débat. Le TRT a également gratifié le public batni de la pièce comique Super-Mir, une adaptation d'Abdelhamid Rabia, du texte de Victor Eftemiu, et mise en scène par Abdelaziz Guerda. Le public, qui a rempli la salle du Théâtre régional de Batna, s'est bien déridé. Super Mir traite de l'ambition à travers l'histoire de deux voisins : Amar et Si Bousna, en compétition pour occuper le poste de maire. Un jeu d'intrigues et de coups bas est mis en train. Les manœuvres politiciennes, parfois ridicules et comiques, font rire le public aux larmes. La crise de fou rire est surtout atteinte à l'apparition du jeune suicidaire repêché par Si Amar. C'est le grand éclat de rire. Ce dernier sera élu maire. C'est à la fois ironique et pathétique. Au-delà de l'amusement et du divertissement qu'ont procurés les comédiens Omar Guendouz (Si Amar), Abdelkrim Ben Kharfallah (Si Bousna), Makhlouf Berkane, Saïda Zitouni, Ali Tamert et Amine Bouterfas, la pièce a un aspect critique.