De nos jours, le mariage est devenu un projet frôlant parfois l'obsession et même le ridicule. “Dénicher” un mari est devenu l'occupation favorite de beaucoup de jeunes filles, surtout celles qui ont le statut de “femme au foyer”. Imagination fertile, elles se font des scénarios en attendant ce beau prince qui viendra les chercher sur son cheval blanc (comme dans les contes), croyant que le mariage est leur unique planche de salut. C'est ce qui a été proposé, mercredi dernier au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, avec la pièce Souk erdjal, avec Souad Sebki qui a assuré la mise en scène, Nadia Kadri et Yazid Sahraoui (voix off), produite par l'association Le théâtre de Mohamed El-Yazid d'Alger. Souk erdjal, c'est l'histoire de deux femmes, une jeune “papicha”, Djamila, et une moins jeune, Lamria. Elles sont finalistes d'un concours du genre “qui va gagner un homme”. Chacune est motivée. L'essentiel, pour elles, est de gagner. Chacune est persuadée de la victoire. Mais c'était sans compter les quatre épreuves à passer qui les détermineront. Deux personnages, deux générations différentes mais où l'envie de “sauver leur peau” est très perceptible. Si Djamila, à travers ce concours, vise plus le côté matériel que lui procurera le mari remporté, Lamria, elle, c'est beaucoup plus complexe : ne pas rester vieille fille. Elles évolueront à travers les épreuves orchestrées par la voix off. Cette pièce de plus d'une heure trente dépeint aussi, via Lamria, la société algérienne : machisme, non-équité… Elle abordera aussi la marginalisation des anciens artistes, affirmant qu'“être artiste n'est pas donné à n'importe qui, qu'il faut suivre des études et formations (…)”. Il y a aussi le problème des générations qui est souligné. La mal-vie de la société est perceptible, à travers un dialogue très proche du public, loin de la langue de bois (le texte en algérien dialectal). Optant pour le loufoque, Souk erdjal, produite par l'association Mohamed Yazid, est un drame qui ne cache pas son nom. On en rit, tout en se posant des questions sur ce qui se passe. Dans sa mise en scène, Souad Sebki a opté pour l'interactivité avec le public, réagissant à la moindre de ses remarques et autres réflexions. Très à l'aise sur scène, les deux comédiennes n'avaient, malheureusement, pas occupé tout l'espace qu'offrait la scène de la salle Mustapha-Kateb, limitant leurs déplacements. La mise en scène était presque absente, juste un calcul de mouvements et de changement de place. Sans parler de l'exagération dans le jeu, surtout dans celui de Souad Sebki, frôlant le grotesque. Voulu ? Peut-être, mais cette “exagération” a diminué un tantinet ses capacités artistiques. Souk erdjal, plus qu'un drame ou une comédie, est une parodie de la société qui s'attarde sur des détails oubliant presque l'essentiel. Loin de la morale, cette pièce se veut, avant tout, un divertissement, permettant au spectateur de s'amuser. “Le public aime s'amuser, mais il ne veut pas n'importe quoi”, a souligné Souad Sebki.