Face à la détermination du pouvoir en place à museler la presse par tous les moyens, quitte à bafouer les lois de la République, ce collectif “a pour ambition de préserver ce qui reste des libertés”. Un comité provisoire du CNSL a été installé et est composé de dix-huit personnes. Ses signataires sont des personnalités du monde politique, associatif, des combattants de la Révolution et des juristes. Citons parmi les signataires Djamil Benrabah porte-parole de l'ANVJ, Omar Boudaoud et Salah Boubnider de l'ALN, Leïla Aslaoui, Khaled Bourayou et Miloud Brahimi, avocats, Sofiane Djillali, secrétaire national du parti El-Badil, Abdelaziz Rahabi et Z'hor Zerari, écrivain. Dans cet appel (lire ci-contre), les signataires expliquent les raisons qui ont amené à la constitution de ce collectif : “Profondément inquiets par les actions répétées contre la presse indépendante par le pouvoir, nous, citoyennes et citoyens, animés par l'unique souci de défendre les libertés démocratiques, avons décidé de nous constituer en Comité national de sauvegarde des libertés.” La volonté de museler la presse et le harcèlement, devenu quotidien, des journalistes sont dénoncés dans cet appel. Par ailleurs, dans ce texte, les signataires se déclarent solidaires avec la presse et exigent l'arrêt de ces procédés contre la corporation qui symbolise les libertés démocratiques. Dans ce document, rendu public hier, ce comité provisoire lance une pétition dans laquelle il invite tous ceux qui se reconnaissent dans sa lutte à la signer et à adhérer au CNSL. Contacté pour avoir plus de détails sur ce comité, à savoir les conditions de sa naissance et ses objectifs, M. Bererhi déclare : “Nous avons jugé indispensable de créer ce comité pour protéger les libertés et surtout la liberté d'expression qui est menacée aujourd'hui de disparition. Nous invitons tous les citoyens à y adhérer. Nous réfléchissons à un programme d'action qui s'inscrira dans la durée pour la défense des acquis démocratiques. Une réunion est prévue dans les prochains jours.” Sollicité pour donner plus de détails sur les actions à mener, l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur ajoute : “Nous appellerons à des rassemblements et sensibiliserons l'opinion internationale.” Pour sa part, Me Miloud Brahimi relève qu'une association de ce genre manque dans le paysage algérien alors qu'il en existe dans le monde surtout dans les Etats de droit. Et d'ajouter : “Il est vrai que ce comité est né dans l'urgence, mais c'est l'actualité qui commande, avec les graves menaces qui pèsent sur la presse. Il reste entendu que la mission de ce comité, qui va bientôt demander son agrément parce qu'il entend inscrire son action dans le cadre de la loi, ne se limitera pas à la défense de la liberté d'expression. Il entend veiller au respect de toutes les libertés”. Maître Brahimi, parlant des objectifs de fond de cette structure, souligne : “C'est elle qui doit animer toutes les associations de cette nature par un travail de sensibilisation et de dénonciation. Obtenir des autorités publiques qu'elles se conforment au principe d'un véritable Etat de droit et bien entendu faire entendre notre voix sur le plan international. Nous contacterons les ONG et les amènerons à s'exprimer par rapport à ces attaques contre la presse nationale.” L'avocat souligne que le comité est ouvert à tous les citoyens et à tous les partis sans distinction et que toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, à la seule condition qu'elles adhèrent au principe de liberté et de démocratie. Maître Bourayou, pour sa part, estime que cette initiative intervient dans un contexte qui se caractérise par une prédation des libertés, des restrictions des droits et le musellement de la parole : “Ce comité a pour ambition de préserver ce qui reste des libertés.” Par ailleurs, l'avocat pense que cette structure aura pour mission de se situer dans le sillage des ONG, elle s'inspirera de leur expérience et fera part de l'expérience algérienne dans le domaine des libertés. M. B.