La réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, à partir de demain à Vienne, sera dominée par l'Iran et son refus de laisser les inspecteurs de l'agence poursuivre leur enquête, ce qui empêche de déterminer le véritable objectif de son programme nucléaire, selon des diplomates. Le rapport remis en préalable à cette réunion d'automne aux 35 gouverneurs représentant les 151 Etats membres de l'Agence internationale de l'énergie atomique insiste sur le fait que Téhéran poursuit la constitution de ses stocks d'uranium enrichi à 5% et 20% de degré de pureté. Le régime islamique continue ainsi de défier les résolutions et sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU l'enjoignant de cesser ces activités jusqu'à ce que l'AIEA ait pu déterminer s'il y a une possible composante militaire à ce programme nucléaire, dont Téhéran affirme qu'il est purement civil. De plus, Téhéran n'a pas signalé à l'agence les projets de dix nouveaux sites pour l'enrichissement d'uranium annoncés le mois dernier par le chef de l'agence atomique iranienne Ali Akhbar Salehi, alors que l'accord sur les mesures de sauvegarde de l'AIEA l'y oblige. Jeudi dernier encore, le mouvement d'opposition, le Conseil national de la résistance en Iran a révélé la construction présumée d'un nouveau site d'enrichissement à Abyek, à 120 km au nord-ouest de Téhéran. Le gouvernement islamique a démenti ces informations, accueillies également avec scepticisme par les experts internationaux. Cependant, le refus de Téhéran de laisser les inspecteurs de l'agence, qui ont une bonne connaissance du dossier, poursuivre leur travail sur le terrain a été qualifié de “grave” par certains diplomates, même si l'Iran a le droit de les récuser comme chacun des autres Etats membres. Il s'agit de la première affaire du genre, selon les mêmes sources, laissant entendre que cela pouvait permettre à l'Iran de dissuader les inspecteurs de poser trop de questions gênantes. Le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, a estimé dans son rapport que cette attitude “entravait les procédures d'inspection” prévues dans le cadre “des mesures de sauvegarde”. L'Iran a récemment refusé à deux inspecteurs expérimentés de l'AIEA de revenir fin septembre surveiller les activités du réacteur de recherche de Téhéran après leurs affirmations que les Iraniens effectuaient des expériences nucléaires non déclarées. Selon l'Iran, les informations fournies par ces inspecteurs étaient erronées. Mais l'AIEA, faisant “entièrement confiance au professionnalisme et à l'impartialité” de ses inspecteurs, les a maintenus. Outre l'Iran, la Syrie et son refus de coopération seront une nouvelle fois abordés par les gouverneurs sans trop d'espoir de progrès, selon les diplomates. Deux ans après l'ouverture d'une enquête de l'AIEA sur des soupçons de projets de construction d'un réacteur nucléaire dans le désert syrien avec l'aide de la Corée du Nord, avant que le site ne soit bombardé par les Israéliens en septembre 2007, il n'y a toujours pas de preuves tangibles. L'AIEA pourrait demander “une inspection spéciale” en Syrie mais l'envoi d'une telle mission ne fait pas l'unanimité au sein du conseil. La dernière tentative d'envoyer une telle mission, en 1993 en Corée du Nord, a conduit l'Etat communiste à fermer ses frontières aux inspecteurs de l'agence et à développer en secret sa bombe atomique. Enfin, le Conseil des gouverneurs doit évoquer la Conférence générale des Etats membres qui débutera le 20 septembre, en particulier les moyens de dissuader les pays arabes d'isoler Israël dans une nouvelle résolution sur un Moyen-Orient dénucléarisé.