Les 170 élèves sourds-muets dont 60 internes, scolarisés à l'école des sourds-muets de Mohammadia (ex-Lavigerie) et les personnels enseignant et administratif n'ont pas eu droit aux joies de la rentrée des classes. Le ton était hier à la colère. Pourquoi ? L'école doit être sacrifiée au profit du fameux projet de la grande mosquée qui ne verra probablement jamais le jour. Et par conséquent, elle doit être rasée comme ce fut le cas pour les autres bâtisses et habitations de fortune situées sur le site choisi par les autorités pour le projet. Les rumeurs de transfert et autres affectations des personnels administratif et enseignant ainsi que les élèves allaient bon train avant même les vacances scolaires. Nul n'était en mesure de donner une réponse fiable aux parents et au personnel dont l'inquiétude et la peur de se retrouver sans travail augmentaient de jour en jour. Ce n'est qu'au début du mois de septembre, avec la reprise des enseignants et du personnel administratif de l'école de jeunes-sourds (EJS), que le sort de la structure a été décidé voire dévoilé. La solution de facilité n'était autre que le dispatching des élèves et des personnels enseignant et administratif à travers d'autres écoles spécialisées. Ceci en faisant fi de la situation très sensible et particulière des enfants vu leur handicap. Ainsi, le département de tutelle par le biais de la Direction de l'action sociale n'a pas trouvé mieux que d'orienter des enfants handicapés qui ont passé pour certains plus de dix années à l'EJS de Mohammadia vers d'autres écoles situées à… Bordj Menaïel, Baraki et Télémly. Ce qui n'a pas été du goût des parents. Les parents d'élèves étaient hier catégoriques. Ils sont décidés à investir la rue dès cette matinée si le ministère de la Solidarité nationale ne se penche pas sérieusement sur leur problème. “Et si jamais ils ferment l'école, nous protesterons dans la rue”, avertissent les parents. “Il n'est pas question pour nous de sacrifier l'avenir de nos enfants”, déplore une maman de deux enfants handicapés habitant Bouzegza et orientés vers Bordj Menaïel. Et d'ajouter : “Comment faire la prière dans une mosquée érigée sur l'avenir d'enfants handicapés ?” Un autre parent dira : “Devrai-je laisser tomber mon travail pour accompagner mon fils jusqu'à Bordj Menaïel ?” Les parents d'élèves dont 80% habitent du côté de Rouiba et El-Hamiz proposent que la tutelle fasse le nécessaire auprès du ministère de l'Education nationale pour leur permettre de transférer l'EJS vers un CEM fermé à Rouiba. “Nous sommes prêtes à faire du volontariat pour le nettoyer et le réaménager”, lancent les mamans désemparées en se disant convaincues que le président de la République n'est pas au courant de ce qui se passe dans cette école. La DAS de la wilaya d'Alger : “C'est du chantage” Approchée dans l'enceinte de l'école, la directrice de l'action sociale donnera sa version des faits en soulignant qu'elle a accédé à toutes les demandes faites par les parents. “Au départ, on avait procédé à l'affectation des élèves vers d'autres écoles, les parents ont demandé que l'enseignant soit affecté avec l'élève, nous avons accepté en nous engageant de faire transférer toute la classe vers le même établissement. Et là quand ils ont vu que c'était possible, ils ont rouspété. C'est du chantage”. Question : qu'en est-il du projet de la nouvelle école à Bab-Ezzouar ? “L'étude est en cours”. Un délai ? Aucun. “Je ne sais pas. Ce n'est pas une baraque que nous allons construire mais une école conforme aux spécificités de cette catégorie d'élèves”.