L'Inspection du travail a appelé la direction générale d'ArcelorMittal Annaba à reprendre sans plus tarder les négociations socioprofessionnelles entamées avec les représentants des travailleurs, qui avaient été interrompues brutalement le 15 août dernier. Cette invitation à la poursuite du dialogue, autour de la plate-forme de revendications introduites par le syndicat d'entreprise, fait suite à la plainte écrite adressée, mercredi dernier, par Smaïn Kouadria, en sa qualité de secrétaire général, à cette même Inspection du travail et par laquelle ce dernier dénonçait le non-respect par les responsables de l'entreprise de métallurgie d'El-Hadjar du calendrier des pourparlers. Dans la correspondance, signée par le chef du bureau de l'Inspection du travail territorialement compétente, il est intimé à la direction de ArcelorMittal Annaba de reprendre les négociations au point où elles en étaient, “en respect de l'échéancier arrêté conjointement avec les représentants des travailleurs”. Le signataire du document, dont une copie a été rendue publique, rappelle les avancées notables enregistrées lors de la rencontre qui a eu lieu entre la direction et le partenaire social le 11 juillet 2010, c'est-à-dire juste après le mouvement de grève avorté de trois jours en juin. Il relève, cependant, que les deux parties en conflit ont buté sur certains points de la plate-forme de revendications et ont interrompu brutalement les négociations le 15 août dernier. Ainsi le chef du bureau de l'Inspection du travail d'El-Hadjar demande instamment aux deux parties de reprendre le dossier laissé en suspens, tout en leur rappelant les termes de la loi n°02/90 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits sociaux de travail et à l'exercice du droit de grève. Toujours dans cette lettre, l'Inspection du travail fait appel “au sens des responsabilités des parties en conflit en leur demandant d'honorer leurs obligations communes tout en privilégiant le dialogue constructif et la concertation”. Ceci en assurant les deux parties en conflit de la disponibilité de ses services de l'administration à intervenir à leurs côtés afin de mener les négociations à leur terme. Cette intervention de l'administration coïncide avec la dénonciation par le syndicat de la mise en branle d'un plan social déguisé qu'aurait initié la direction sans consulter les représentants des travailleurs, ces dernières semaines. Selon le secrétaire général du syndicat, ce dégraissage des effectifs de ArcelorMittal Algérie affectera quelque 400 travailleurs, essentiellement des salariés exerçant actuellement au niveau de 14 points de vente de l'entreprise répartis au niveau national, et ce, au plus tard avant la fin de l'exercice en cours, précise notre source. Il serait question de démissions volontaires et de mise à la retraite pour les salariés qui sont en âge d'y ouvrir droit, en contrepartie de primes de départ alléchantes, pouvant atteindre les 3 millions de dinars. “Le directeur commercial de ArcelorMittal Annaba, chargé de la concrétisation de cette opération, aurait adressé un courrier en ce sens aux directeurs régionaux de l'entreprise. Une rencontre nationale des cadres commerciaux de l'entreprise est prévue à ce propos justement à Oran du 27 au 30 septembre prochains”, s'inquiétera Smaïn Kouadria. Ce dernier conclura en signalant que cette opération était planifiée de longue date et que devant la volonté d'opposition au projet affichée par le syndicat, la direction, et plus précisément la DRH de l'entreprise n'a pas hésité à provoquer la zizanie au sein des organes syndicaux du complexe et à mettre dos à dos syndicat et comité d'entreprise rien que pour avoir le champ libre et atteindre cet objectif.