Au Mouloudia d'Oran, rien ne sera plus jamais comme avant. L'énorme et inoubliable héritage révolutionnaire, sportif et oral laissé par le défunt Belkacem Elimam ne trouvera jamais un descendant digne d'un tel passé historique. Il n'y avait qu'à constater la grande tristesse qui a jailli sur la ville des deux lions en cette fraîche soirée dominicale dès l'annonce de son décès, aux alentours de 20h, pour mesurer la place qu'occupait et qu'occupera à jamais “Kacem” dans le cœur des Oranais et des Mouloudéens de naissance, de cœur ou d'adoption. Le président emblématique et historique du Mouloudia d'Oran s'est ainsi éteint à l'âge de 71 ans, en tout début de soirée, avant-hier, au pavillon 10 du CHUO, laissant derrière lui un passé riche, un palmarès éloquent et une histoire que personne ne pourra contester ou oublier de sitôt sur la place sportive d'El-Bahia tant sa stature était imposante, ses connaissances en matière de football intarissables et ses coups de gueule légendaires. Dès l'annonce de son décès, relayé du reste par l'ENTV en temps réel, ils étaient des centaines à accourir de partout vers son domicile familial sis à la cité des Castors. Dirigeants, anciens joueurs, entraîneurs et simples anonymes avaient d'ailleurs du mal à croire en cette terrible nouvelle. Beaucoup d'Oranais croyaient d'ailleurs que ce qu'ils entendaient là n'était autre qu'une nouvelle version de la folle rumeur de son départ vers l'Eternel qui avait déjà été colportée une demi-douzaine de fois en une dizaine de jours seulement. Né le 8 février 1939 au 25, rue Er-Rouaz, à El-Hamri, Belkacem Elimam entamera sa longue aventure sous le maillot Rouge et Blanc du MCO dans les jeunes catégories, avant de mettre prématurément fin à sa jeune carrière en deuxième année junior pour rejoindre le maquis et les rangs de l'ALN, raison pour laquelle il sera arrêté et emprisonné à Oran, puis à Chlef. Amoureux de sa ville et de son club, Elimam fondera, après l'indépendance, le premier comité de supporters de l'histoire du MCO, en compagnie du défunt Mohamed Bensenouci, son ami et compagnon de route, aussi bien au Mouloudia qu'au sein de la Protection civile dans laquelle il fera carrière jusqu'à sa retraite avec le grade d'officier. Son indéfectible amour pour le MCO lui permettra d'occuper tous les postes de responsabilité au sein de son club de toujours, de président du comité de supporters (1969) au président de l'association (en 1994), en passant par celui de président du directoire (1970), président de la section natation, président de la section football et responsable des négociations pour l'affiliation à la Sonatrach (Naftal), entre autres. Sous sa houlette en tant que président, le Mouloudia glanera une Coupe d'Algérie (1996), une Coupe de la ligue (1996), deux Coupes arabes des vainqueurs de coupes (1997 et 1998) et une Supercoupe arabe (1999). Aussi, son retour aux affaires du club en juillet 2008, au lendemain de la dramatique rétrogradation en seconde division, permettra-t-il au MCO d'accéder et de retrouver l'élite une saison plus tard. Ses problèmes de santé l'ont contraint, une année plus tard, autrement dit en juin 2010, à quitter son poste de président du Mouloudia et à prendre un peu de recul, nécessaire et quasi obligatoire. D'améliorations temporaires en rechutes inquiétantes, Kacem Elimam finira par être admis, voilà une dizaine de jours, au service réanimation du CHUO. Après avoir lutté inlassablement et dignement contre la maladie, “Er-Raïs” finira par rendre l'âme dimanche, peu après 20 heures, plongeant le tout-Oran dans une profonde tristesse. Meneur d'hommes comme le MCO n'en avait jamais connu, Elimam laisse déjà un vide incommensurable qu'aucun dirigeant actuel ou futur du club d'El-Hamri ne pourra combler vu les particularités si caractérielles du défunt personnage. Un personnage à la mort duquel chacun de ses fidèles compagnons de route, amis ou adversaires, ressassait les souvenirs et les anecdotes, comme pour se “réapproprier” une certaine légitimité historique. Son enterrement, hier, après la prière d'Al-Asr, au cimetière d'Aïn El-Beïda, a drainé la grande foule, venue des quatre coins de l'Algérie profonde pour rendre hommage à celui qui symbolisait le mieux le grand MCO qui gagne et l'accompagner à sa dernière demeure. Une immense foule, compacte, hétéroclite et unanime à dire qu'au Mouloudia, tout comme à Oran, plus que jamais, rien ne sera plus jamais comme avant.