Liberté : Qu'en est-il du passage du MCA au statut de club professionnel ? Abdelkader Drif : Au MCA, c'est l'éternel refrain. C'est toujours la symphonie inachevée. À ce titre, je voudrais rappeler qu'une visite surprise de Rachid Marif a permis, au-delà des divergences de vue existant auparavant – ce qui était bon pour le dialogue —, de se remettre à l'ouvrage. Mais vous comprenez que ce n'est pas à mon âge et avec une santé fragile en ce moment que je pouvais m'engager à diriger ou à présider le club.Au cours de notre discussion, et après une évaluation exhaustive de la situation qui prévaut au MCA, et que Marif maîtrise mieux que moi, nous avions convenu ensemble d'un premier plan d'action. C'est-à-dire évaluer la situation telle qu'elle se présente aujourd'hui, à la veille du professionnalisme, afin de préparer les conditions d'entrée et de participation d'éventuels investisseurs intéressés par ce grand club. À partir de là, j'ai pris mon bâton de pèlerin et me suis mis à consulter tous les hommes qui ont, ces neuf dernières années, participé activement à la vie du club. Je dis, tous les hommes, sans exception. Quel a été votre constat après ces consultations ? Alors là, je dis : “Peuple du Mouloudia, attache ta ceinture”, car l'atterrissage risque d'être douloureux et catastrophique. Même si je ne veux pas jouer à l'oiseau de mauvais augure, il faut que la vérité soit dite. La maison mouloudéenne n'a plus aucun fondement. Elle est dans un état de délabrement avancé. Aucun des hommes que j'ai contactés n'a pu me convaincre d'une vision pour le club, fut-elle petite. À ce titre, ce qui m'étonne et me révolte en même temps, c'est que les instances étatiques aient pu laisser faire les responsables des clubs sans contrôle aucune de ces gestions catastrophiques. À titre d'exemple, pour la saison 2009-2010 et le début de celle de 2010-2011, les dettes du club s'élèvent à 164 millions de dinars (plus de 16 milliards de centimes). Cela veut dire qu'en matière de gestion, les recettes, qui n'ont pas été fournies pour évaluer le bilan financier, représentent la même somme. Si je comprends bien, le titre de champion d'Algérie 2009-2010 aura coûté 30 milliards de centimes. Le peuple du Mouloudia peut-il imaginer ce que représente un tel investissement ? Dans ces conditions, comment voulez-vous qu'un investisseur sérieux puisse être intéressé par la gestion d'un tel club ? Comment pouvez-vous imaginer que les instances étatiques n'ont pu fourrer leur nez dans une telle situation ? Cela entraîne d'une façon bien naturelle ce que l'Algérie du football possède comme clubs évoluant au plus haut niveau, si ces clubs vivent la même gestion catastrophique. Bien entendu, je ne me retrouve pas dans ce Mouloudia. J'ajoute et j'affirme que même Marif m'a confié et confirmé qu'il ne peut pas appartenir à ce Mouloudia. Marif n'est pas à son premier retrait du Mouloudia… Cette fois, il se retire totalement des affaires du club. Il devrait y avoir au moins une solution pour sauver le club, non ? J'ai dit au président de la FAF que s'il n'y a pas une implication directe des organismes de l'Etat (MJS, Premier ministère, FAF…), pour aider à relever ce club, en encourageant les bonnes volontés mouloudéennes, personne ne pourra venir au chevet de ce malade qu'est le MCA. Telle est la vérité que tous les Mouloudéens épris et respectueux de leur club doivent absolument savoir. Par conséquent, et dans les conditions actuelles, je ne suis pas partie prenante dans la future opération de professionnalisation du club. Admettons qu'un investisseur soit intéressé par le club, quel conseil lui donneriez-vous ? Il est impératif qu'il sache qu'il doit répondre à trois conditions. À ce titre, j'ai reçu et discuté avec un jeune homme d'affaires, Mourad Ouaddah, pour ne pas le nommer, à qui j'ai expliqué les conditions de participation à la professionnalisation du Mouloudia. Il fallait remplir trois conditions. Primo : s'engager à fournir un outil de travail (un stade). Qu'il l'achète, le loue ou le construise… peu importe. Car rien ne peut se faire sans un stade. Secundo : présenter un programme, expliquer ses objectifs et donner sa vision des choses. Tertio : conséquemment aux 2 premiers points, les moyens matériels devant accompagner le programme initié. J'entends par moyens matériels, moyens de récupération, logistique de transport et, bien entendu, les moyens financiers qui nécessitent un tel programme. Ceci reste valable à tout repreneur. Jusqu'à maintenant je n'ai pas reçu de réponse. D'ailleurs, même si c'était le cas, que puis-je faire aujourd'hui ?