Le Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (Saip) qualifie le défi lancé par le ministre de la Santé de couvrir 70% des besoins nationaux en médicaments par la production locale d'“historique” et de “courageux”. Pour le Saip, c'est la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante qu'on parle de couverture de la demande nationale avec un taux aussi important. Sensibles à ce pari, les dirigeants du syndicat annoncent d'ores et déjà leur contribution pour la concrétisation de cet objectif. Ils sont plus que jamais décidés à mettre en œuvre tout ce qui peut être bénéfique pour la réussite de cette opération. Le Saip propose, en ce sens, un certain nombre de mesures qu'il juge indispensables pour le bon déroulement de cette démarche. Il suggère ainsi la mise en place d'un “couloir vert” pour les producteurs locaux. Il s'agit, comme le précise le Dr Djebbar, président du Saip, d'alléger le dossier d'enregistrement des fabricants locaux tout en garantissant en toute évidence la sécurité sanitaire. Les délais d'enregistrement ne doivent pas dépasser, indique le patron du laboratoire Lad Pharma, les trois mois tel que le stipule la loi dans son article 21 et 22. Or, les produits attendent parfois seize mois, voire dix-huit mois pour qu'ils soient enregistrés. L'autre paramètre sur lequel insiste Dr Djebbar a trait à la réactualisation de la liste des produits interdits à l'importation qui n'a vu le jour qu'une seule fois en l'espace de trois ans. “Nous demandons que cette liste soit réactualisée tous les mois”, souligne-t-il. Dès qu'un produit est fabriqué localement, explique-t-il, son équivalent ne doit plus être importé pour peu que les conditions de disponibilité soient réunies. La problématique de remboursement des médicaments est un autre point évoqué par le président du Saip. “Aujourd'hui, on assiste à un paradoxe. Le gouvernement encourage l'émergence d'une industrie pharmaceutique algérienne, mais on remarque une opposition à cette même politique à travers le déremboursement des produits fabriqués localement”, déplore-t-il. À titre d'illustration, il précise que les douze médicaments hypocholestérolémiants importés sont tous remboursés alors que le seul produit (hypocholestérolémiant) fabriqué en Algérie n'est pas remboursé... Quant au tarif de référence appliqué à la production locale, autre question soulevée, il constitue, dit-il, un frein au développement de l'industrie pharmaceutique en Algérie. Car, argue-t-il, une entreprise locale ne peut avoir un rendement et un coût de revient comparables à une multinationale. “Une société locale a souvent un rendement faible et un coût de revient élevé pour des raisons évidentes liées, entre autres, aux problèmes d'importation, de délais de dédouanement de marchandises, de bureaucratie, de manque d'expérience…”, explique le premier responsable du Saip. Cette organisation demande, de ce fait, au ministère du Travail d'arrêter l'application du tarif de référence si on veut une industrie locale performante. Cependant, ce tarif peut être appliqué, affirme-t-il, avec bénéfice pour la Cnas entre les produits importés.