Depuis l'annonce de la décision du gouvernement d'interdire l'importation de médicaments fabriqués localement, des exportateurs étrangers ont établi des contacts avec des producteurs algériens pour leur proposer de fabriquer leurs produits localement. Vu que l'Algérie représente pour eux un important marché, ces exportateurs de produits finis envisagent, pour préserver leurs parts de marché, de s'appuyer sur l'outil de production national, affirment des sources sûres. Cela permettra aux entreprises algériennes de « faire tourner leurs machines dont les capacités de production actuelles sont limitées à 30% ». A signaler que le Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (SAIP), qui regroupe en son sein une dizaine de producteurs nationaux, a salué hier la décision du gouvernement portant interdiction de l'importation de médicaments fabriqués localement. Il souhaite que cette décision soit accompagnée de mesures encourageantes pour que la production nationale puisse faire un nouveau saut. Ces mesures vont, selon le Dr Djebbar, président du sAIP, mettre un terme à l'anarchie que connaît le marché national du médicament. « Nous avons pris notre mal en patience depuis des années et plusieurs entreprises étaient contraintes de licencier des travailleurs et mettre la clé sous le paillasson. L'action du gouvernement va permettre de mettre de l'ordre et nous donne un nouveau espoir de voir cette industrie renaître. Aujourd'hui, nous sommes prêts à travailler en collaboration avec tous les opérateurs de la pharmacie sans exclusive pour ériger une véritable industrie », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse animée hier au siège de Lad Pharma, à Alger. Selon le Dr Djebbar, la direction de la pharmacie au ministère de la santé est sur le point de finaliser la liste définitive des produits fabriqués localement interdits à l'importation. Selon le conférencier, 250 produits seraient concernés par cette mesure sur une gamme de 600 médicaments. « Nous espérons que le comité, auquel nous n'avons pas été conviés, travaille dans la transparence et fasse avancer les choses positivement », a-t-il souligné avant de proposer la mise en place d'un listing des produits par catégorie, à savoir une liste pour les médicaments fabriqués localement, une autre pour ceux à importer et la liste des produits pour le conditionnement. Pour le président du SAIP, si le gouvernement veut réellement relever le défi, des mesures d'accompagnement doivent être décidées afin de protéger la production nationale. Il est important, d'après lui, de procéder au remboursement de tous les médicaments fabriqués localement. « Lesquels ne devraient pas être soumis au tarif de référence. C'est le meilleur moyen d'encourager un investisseur. C'est ce qui donnera un nouveau souffle à la production nationale et incitera les investisseurs étrangers à lancer des projets en Algérie en partenariat avec les producteurs nationaux. » Le SAIP propose aussi l'instauration de marges bénéficiaires encourageantes pour le pharmacien, la signature dans les délais des programmes d'importation des matières premières et de faciliter l'accès aux crédits. « A ce moment-là, il ne restera aux producteurs nationaux qu'à s'engager à produire des quantités données sous peine de payer des pénalités », a-t-il indiqué.