Le parti de Saïd Sadi préconise une stratégie de lutte adaptée à cette nouvelle situation. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a estimé, jeudi, que le 8 avril 2004 constitue un point de rupture politique dans l'histoire de l'Algérie d'après-guerre et que la dernière élection présidentielle est une “consécration de l'incapacité du régime à concevoir ou à tolérer une évolution démocratique”. Dans un communiqué sanctionnant les travaux de son conseil national, réuni à Alger en session ordinaire, le parti de Saïd Sadi considère que l'une des principales conséquences de l'élection du 8 avril est “la remise en cause de la pluralité politique”. Le RCD en veut pour preuve que, six mois après le 8 avril, il y a “une absence préoccupante d'initiatives en matière de réformes sociales et économiques”. Le parti de Saïd Sadi relève également que “l'appareil administratif et les autres institutions de l'Etat subissent encore le contrecoup des redistributions post-électorales sans qu'apparaisse une vision qui témoignerait d'une volonté politique à assumer une démarche et des objectifs à la mesure des problèmes économiques et sociaux qui accablent la nation”. Dans “ce marasme général”, “l'autoritarisme” n'épargne aucun secteur, affirme le RCD, précisant que “la répression administrative et politique qui atteint ses militants, sanctionne l'opposition dans ses activités les plus élémentaires”. Le RCD constate aussi que “la censure médiatique étouffant toute voix discordante est relayée par des pressions sociales et économiques qui pèsent sur les cadres refusant la soumission et les opérateurs extérieurs au clientélisme affairiste”. Ce marasme général est exacerbé par le traitement réservé à certains dossiers alimentant la vie politico-médiatique, à l'image de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, le code de la famille ou encore la crise de Kabylie. Le parti de Sadi estime ainsi que “les rétentions médiatiques et l'agitation du syndicat officiel (Ndlr : l'UGTA) qui accompagnent un avant-projet de loi sur les hydrocarbures, jusque-là inconnu des acteurs économiques et politiques et de l'opinion, témoignent de l'opacité qui sévit dans un secteur engageant l'avenir de la nation”. Concernant la réforme du code de la famille, “bien en deçà des engagements pris”, selon le RCD, celle-ci est, une fois de plus, “otage des sectes installées au sommet de l'Etat”. “Le statut de la femme, la cohésion et l'épanouissement de la famille algérienne sont monnayés par une coalition gouvernementale dont le seul compromis est l'intérêt clanique”, accuse ce parti. Le RCD n'omet pas de citer dans ce contexte l'affaire Khalifa. Cette affaire “est l'objet de manœuvres destinées à étouffer un scandale digne de figurer parmi les grandes affaires de corruption d'Etat dans le tiers-monde”. Quant à la situation en Kabylie, le RCD relève que “la stratégie gouvernementale (dans cette région) ne se dément pas. Argent sale, élimination des compétences, manipulation de la délinquance se poursuivent et enfoncent la région dans une dérive maffieuse qu'aucun Exécutif ne s'est autorisé jusque-là”, accuse encore ce parti. Ce tableau “non exhaustif” est “une remise en cause de fait de la fragile pluralité politique arrachée par les Algériens au prix de longues luttes et multiples sacrifices”, affirme le RCD qui ajoute qu'un tel constat “impose à la classe politique et à la société civile une réévaluation et une réadaptation des méthodes de lutte”. Pour cela, le RCD considère qu'“il revient à chaque parti, organisation ou groupe social, de redéfinir les actions et les stratégies qui permettent d'établir une communication et une relation directes et durables avec les segments porteurs de liberté et de progrès. Il s'agit de mettre en œuvre une forme de militance adaptée à la nouvelle situation”, explique le RCD avant d'ajouter que “seules des stratégies renforçant et élargissant l'action politique peuvent produire une implication citoyenne pérenne et mener à une efficacité concrète à même de peser sur la décision politique nationale”. La communication de proximité et les solidarités actives autonomes sont des priorités pour l'opposition d'aujourd'hui, afin de contrer l'abus d'autorité, la corruption et la fraude électorale qui ont dépossédé le peuple algérien de son destin, précise encore le RCD. Au plan organique et en prolongement de ces mutations, le RCD engage une réflexion sur les nouveaux modes opératoires de son action politique. Ainsi, un réaménagement partiel du comité exécutif a été opéré lors de ce conseil national en vue d'appuyer cette démarche, selon le communiqué du RCD (voir encadré). Les S.N. concernés par le réaménagement partiel de l'exécutif Secrétaire national (S.N.) à l'économie : Azamoum Saïd S.N. à l'organisation : Belabas Mohsin S.N. à l'environnement : Boukrif Salah S.N. à la jeunesse : Brahimi Salah Délégué auprès du S.N. aux relations internationales : Hassani Rafik S.N. à la communication : Khendek Mohamed S.N. aux relations avec les institutions : Lounaouci Hamid S.N. à l'émigration : Ouyahia Abdenour R. B.