Les colons juifs construisent actuellement 600 nouvelles maisons en Cisjordanie, selon l'organisation Peace Now, et ils les construisent quatre fois plus vite qu'avant le moratoire du 26 septembre. Un pied de nez au président américain qui avait fait des négociations israélo-palestiniennes un axe prioritaire de sa politique étrangère. Et les Palestiniens ne pouvaient de leur côté que refuser de rouvrir les négociations de paix tant qu'Israël n'étende pas le gel des constructions. Impasses. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dit aujourd'hui bien vouloir le faire à condition que la Palestine reconnaisse “l'Etat du peuple juif”. Invitée par Washington à répondre à la nouvelle proposition israélienne, l'Autorité palestinienne a répondu en demandant au moins la carte des frontières définitives qu'Israël envisage. Dans l'attente du rendez-vous de novembre, après les élections américaines de mi-mandat, Mahmoud Abbas menace d'en appeler aux cours de justice internationales pour obtenir la reconnaissance de l'Etat palestinien, contournant ainsi le feuilleton des négociations de paix infructueuses menées par les Américains au cours de cette année. La nouvelle exigence israélienne de reconnaître non plus l'Etat israélien mais l'Etat du peuple juif, sa nouvelle appellation adoptée, tambour battant, par la Knesset cet été, vise de fait à préparer l'éviction des Israéliens arabes, entendre Palestiniens de l'intérieur et qui représentent 20% de la population. Comme elle dénie de facto le droit au retour des réfugiés palestiniens des guerres de 1948 et de 1967. En outre, fait valoir Ramallah, cette disposition n'a jamais été imposée à l'Egypte et à la Jordanie avant de conclure la paix avec Israël. Le président Obama, faisant fi de ses précédents engagements pour un Etat palestinien souverain, auquel devra être assuré un continuum territorial même minimal, a endossé la couleuvre de Netanyahu : nous aimerions que les Palestiniens fassent des propositions positives, devait arbitrer le porte-parole du département d'Etat en endossant la judaïté de l'Etat d'Israël. “Ce que nous attendons de l'administration américaine et d'Israël, c'est qu'ils nous présentent une carte de l'Etat d'Israël qu'ils souhaitent que nous reconnaissions”, a répliqué Yasser Abed Rabbo, un proche de Abbas. “Serait-ce la carte des frontières de 1967 ou inclura-t-elle du territoire palestinien et les foyers où nous vivons ?” s'est-il interrogé en rappelant que c'est durant la Guerre des six-jours qu'Israël a conquis la Cisjordanie, Gaza et la partie orientale de Jérusalem, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat. En réalité, et c'est ainsi qu'Israël a toujours fonctionné et dans l'impunité totale, la reconnaissance de l'Etat “juif” est un nouveau stratagème destiné à imputer l'échec du processus de négociations aux Palestiniens, il est vrai, en position de faiblesse, mais dont une telle concession reviendrait à un suicide politique. Le prédécesseur de Netanyahu, Ehud Olmert, dit avoir produit à Mahmoud Abbas une carte des futures frontières qui laisseraient aux Palestiniens 93,5 à 93,7% de la Cisjordanie, la proportion restante étant compensée par un échange amiable de territoires entre Israël et le futur Etat palestinien ainsi que par un corridor le reliant à Gaza. Les Palestiniens, qui n'excluent pas une telle hypothèse, soulignent toutefois qu'Ehud Olmert n'a pas couché cette proposition sur le papier et que Benjamin Netanyahu, qui ne souhaiterait pas, selon eux, un Etat palestinien viable, ne se sent pas engagé par les propositions de son prédécesseur. Sous ses gouvernements successifs, Israël a toujours maintenu qu'il entendait conserver les principales colonies juives de Jérusalem-Est et de Cisjordanie dans le cadre d'un futur accord de paix, mais Benjamin Netanyahu y a ajouté l'exigence d'un maintien de troupes israéliennes le long du Jourdain, frontière orientale du futur Etat palestinien. Les Nations unies n'ont-elles pas voté en 1947 un partage de la Palestine en deux Etats, l'un pour les Arabes, l'autre pour les Juifs ? Alors, il est à se demander à quoi bon reprendre des négociations biaisées depuis le début ? Les Palestiniens, faute de compter sur les Arabes, devraient résoudre leur problème majeur qui est certainement la division entre Palestiniens, avec d'un côté le Fatah de Mahmoud Abbas qui règne en Cisjordanie et de l'autre le Hamas qui contrôle Gaza. Il faut faire vite, car le contexte géopolitique a changé. La soi-disant menace de la bombe nucléaire iranienne, autrement dit la volonté d'hégémonie régionale de Téhéran, joue ici un rôle majeur. Et Netanyahu de se voir conforté dans son rôle de garant des intérêts stratégiques états-uniens. Et beaucoup de régimes arabes dans la région disent se sentir également menacés par le pouvoir iranien ! C'est pourquoi la Ligue arabe, réunie en Libye, n'a pas trouvé mieux que de donner un mois aux Israéliens, Palestiniens et Américains pour trouver une formule afin de poursuivre les négociations. Rendez-vous début novembre, juste après les élections du Congrès américain.