La contestation prenant de plus en plus d'ampleur au Sahara occidental avec la multiplication des campements de Sahraouis en dehors des villes, les forces marocaines perdent patience et usent de leurs armes, comme l'indiquent la mort d'un jeune Sahraoui et celle d'un militaire marocain. Rabat fait tout pour que ces événements ne soient pas ébruités. La situation des Sahraouis installés dans des camps de fortune à Gdeim Izik, 12 km à l'est d'El-Ayoun, s'aggrave de jour en jour, en raison de l'état de siège imposé par l'armée marocaine, afin d'empêcher l'accès à la nourriture, à l'eau et aux médicaments dans ces camps. Et afin d'empêcher les médias internationaux de rendre compte de cette situation, les autorités marocaines empêchent les étrangers d'accéder aux territoires sahraouis. On apprend, de sources sahraouies, que la ligne aérienne marocaine Royal Air Maroc (RAM) a empêché sept journalistes de cinq médias espagnols d'embarquer sur le vol d'El-Ayoun pour lequel ils avaient acheté des billets afin de couvrir la mort d'un mineur sahraoui tué par la police marocaine. La RAM a annulé les billets, sans aucune explication, de six journalistes pour le vol AT0483 entre Casablanca et El-Ayoun et empêché le septième journaliste, dont le billet n'avait pas été annulé, d'embarquer dans l'avion. Ainsi, les correspondants accrédités à Rabat de TVE et de TV3, du journal El Mundo et de l'Agence EFE, après leur arrivée à l'aéroport de Casablanca, se sont trouvés devant le fait que leurs billets avaient été annulés l'après-midi et que la compagnie aérienne ne leur donnait pas la possibilité de rejoindre El-Ayoun avant vendredi prochain. En dépit de cela, les observateurs internationaux sur les lieux, en l'occurrence le Mexicain Antonio Velazquez et l'Espagnole Isabelle Terrasse, rapportent que la situation est explosive. “Les forces ont dressé un mur de sable jonchant les camps avec des bulldozers en vue d'empêcher l'entrée des Sahraouis désirant rejoindre les camps, ainsi que l'accès de nourriture d'eau et de médicaments aux résidents de ces camps”, a déclaré Antonio Velazquez, qui a également indiqué qu'“il y avait une forte présence militaire à proximité des camps, des hélicoptères et des avions militaires font des raids en permanence pour semer la terreur dans ces camps de fortune”. Témoignant de ce qu'il avait vu, il ajoute : “Hier, les forces marocaines ont utilisé la violence et levé les armes pour empêcher d'autres Sahraouis de rejoindre les camps. Un groupe de Sahraouis a été sévèrement battu par la police marocaine qui a blessé plus de 41 personnes, y compris des femmes, des enfants et des personnes âgées.” D'autres sources médiatiques font état de la mort d'un militaire marocain dans les affrontements avec les contestataires sahraouis. Depuis le début du mois d'octobre 2010, les Sahraouis des villes occupées du Sahara occidental sortent vers le désert pour s'installer sous les tentes afin de protester, résister et se libérer de l'oppression. Les premières tentatives en juillet dernier avaient été brutalement réprimées par les autorités marocaines. Cette fois, ce sont plus de 4 000 tentes qui sont maintenant plantées aux alentours d'El-Ayoun. Les effectifs militaires marocains sur place sont disproportionnés. Les forces sécuritaires royales dressent des barrages et donnent la chasse aux Sahraouis qui veulent rejoindre les campements, interdisent les approvisionnements en eau et en nourriture. Cela étant, Ahl-Hussaïn Bida, membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), a fait une déclaration pour le moins surprenante et accablante pour le Makhzen au sujet de la situation prévalant dans les campements de protestation, en affirmant : “Les problèmes que connaissent ces populations sont dus à la manière dont le Maroc a traité le dossier du Sahara il y a plus de 35 ans, et à l'accumulation de nombreuses erreurs. Il est aujourd'hui urgent de changer cette politique et de réparer ces erreurs.” Voilà une déclaration qui confirme la politique coloniale de Rabat au Sahara occidental.