Aujourd'hui, dans l'adversité, Liberté ne peut qu'être solidaire avec les confrères d'Er-Raï, même si leur ligne éditoriale ne converge pas avec nos valeurs et notre vision d'une Algérie démocratique. Les uns après les autres, tous les journaux qu'on a tenté, sans succès, de faire taire par de fallacieux arguments commerciaux font l'objet, depuis leur reparution, de cabales dignes des régimes les plus autocratiques. Donc, à défaut d'avoir réussi par ce truchement, le clan a changé son fusil d'épaule et instrumentalisé d'autres appareils et d'autres institutions, en l'occurrence la police et la justice. L'opinion publique nationale et internationale a été témoin de ces opérations coup-de-poing contre la presse et la liberté d'expression. Ces tentatives de mise au pas de certains titres de la presse indépendante ne semblent pas connaître de répit. Après avoir harcelé et tenté d'intimider Liberté et Le Matin, c'est aujourd'hui au tour du Soir d'Algérie de subir le même traitement. Son directeur est convoqué au commissariat central d'Alger, alors que les éditeurs avaient clairement signifié, la semaine dernière, aux autorités qu'ils ne répondraient de leurs écrits et de ceux de leurs journalistes que devant les magistrats. Le pouvoir, resté sourd, persiste dans sa logique de confrontation et d'affrontement. Pendant que l'avenir de la liberté d'opinion et d'expression se joue à Alger, voilà que le directeur du journal Er-Raï est interpellé par la police à Oran. Cette interpellation est motivée, selon la version officielle, par des plaintes et des délits de droit commun, ce que rejette le collectif de cette publication qui, dans un communiqué rendu public hier, considère que l'arrestation s'est faite “loin de toute légalité” et que “la police a usé de pratiques iniques et en foulant au pied les lois de la République”. Les journalistes et employés de ce journal, venus protester devant le commissariat, ont été également embarqués et retenus durant des heures pour attroupement non autorisé. Le collectif précise qu'ils ont été “soumis à des interrogatoires présentés comme simple examen de situation”. La concordance de cette arrestation à Oran avec la campagne d'intimidation et de harcèlement à Alger donne, indéniablement, à cette interpellation un cachet éminemment politique. De ce fait, elle est intolérable ! Sinon, comment peut-on la qualifier alors que le journal Er-Raï est, rappelons-le, toujours interdit de parution ? Aujourd'hui, dans l'adversité, Liberté ne peut qu'être solidaire avec les confrères d'Er-Raï, même si leur ligne éditoriale ne converge pas avec nos valeurs et notre vision d'une Algérie démocratique. A. O.