Le débat est ainsi ouvert et il n'est pas prêt d'en finir dans la mesure où chaque partie campe sur ses positions. Du côté de la tutelle, il est dit clairement que le décret sera appliqué dans les délais qui lui sont impartis sans que cela ne soit discutable et les agences de voyages continuent à le rejeter, dénonçant son contenu en contradiction, selon leur avis, avec la loi et surtout avec “l'intérêt économique du pays”. La rencontre consacrée hier aux agences de voyages par Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme et de l'Artisanat, a fait ressortir, encore une fois, la situation chaotique dans laquelle se débat ce secteur. “Je suis à votre écoute”, a-t-il lancé, hier, à l'attention de nombreux patrons d'ATV venus écouter leur tutelle mais surtout venus dénoncer une situation des plus intenables. “Veut-on miner cette activité ? Veut-on se débarrasser de nous”, iront jusqu'à s'interroger certains intervenants attestant d'une coupe pleine de désolation à propos de sites magnifiques inexploités, de projets à l'abandon, du laisser-aller dans la plupart des hôtels publics, de compétences formées et poussées au chômage, de contraintes bureaucratiques et bancaires qui n'encouragent aucun investissement de passe-droit dans l'attribution des concessions des plages, etc. Smaïl Mimoune, qui a estimé que la contradiction ne peut en aucun cas exister dans ce décret, a expliqué qu'“il y a mauvaise compréhension”, que son département s'emploiera à éliminer. “Il n'y a pas lieu de nier les contraintes et les lacunes facilement visibles sur le terrain”, reconnaîtra t-il, invitant les ATV à se rapprocher davantage de leur tutelle et travailler, dans un cadre de concertation, de la démarche à suivre pour résoudre les problèmes progressivement. “Dès demain, je procéderai à la réactivation de la commission relative au traitement des agréments”, a indiqué le ministre soutenant, à l'occasion, qu'il n'est pas normal que les hôtels continuent à afficher à longueur d'année un prix unique et que les agences de voyages n'aient pas droit à des tarifs préférentiels. Les responsables d'ATV, visiblement le cœur gros, ont profité de cette tribune pour parler, entre autres, de comportement des plus aberrants des éléments de sécurité. “On nous demande de faire du réceptif dans l'intérêt du pays mais la situation sécuritaire dans certaines régions ne le permet pas. Et à chaque fois qu'une sortie a lieu, le groupe de touristes étrangers est accompagné par une armada d'éléments de sécurité à nourrir tout comme les touristes alors que le budget de l'agence ne le permet pas”, raconte un voyagiste pour résumer le calvaire de tous ses pairs qui s'aventurent à faire du réceptif alors que les conditions ne sont pas encore réunies. Rien n'a été omis, lors de cette rencontre appréciée par les participants, qui ont passé en revue toutes les contraintes comprenant le dictat de certains inspecteurs dont le niveau et la compétence, selon les ATV, laissent à désirer ou encore des administrations qui ne savent pas encore que la LFC 2009 a ramené la TVA de 17% à 7% concernant cette branche d'activité. Le problème de transfert des devises reste posé en l'état, faisant des professionnels des voyages algériens de simples trabendistes ou carrément des hors-la loi. Au demeurant, travailler l'image du pays et faire de la destination Algérie un véritable pôle d'attraction demeure au goût du jour sans pour autant trouver la voie idoine pour y arriver. Pour cela, le ministre s'est montré on ne peut plus clair annonçant que les statuts de l'Office national du tourisme (ONT), chargé de la promotion, seront revus et que les ATV méritent des avantages fiscaux et parafiscaux plus conséquents.