Une rente qui se conjugue en genre et en nombre… restreint. Sur 100 dollars, 98 en sont tirés de la vente des hydrocarbures. C'est à se demander si l'Algérie est un champ de pétrole ou un pays ? Une situation qui fait penser aux Pays-Bas des années 60. Plus précisément, au syndrome de Hollande. Rihet lebled ! Les mauvaises langues racontent que les énergies fossiles, notamment le pétrole, ce n'est pas éternel. Ils prétendent même qu'au rythme de production actuelle, les réserves ne pourront aller au-delà de 30 ans ! Et encore, il semble que les stocks se videraient plus rapidement si l'on n'avait pas ralenti la cadence de production, par élan de générosité pour les générations futures. Ainsi, pour toutes celles et ceux qui vont venir au monde dans l'Algérie de 2040, ils pourront admirer au Musée du moudjahid, bien exposé derrière une vitrine, un baril de pétrole. Une sorte de “rihet lebled”, lègue de l'ancienne génération. À dirigeants fossiles, énergie fossile ! Faut vivre son temps, ou cent ans ? En fait, est-ce qu'on a l'habitude de voir des septuagénaires discuter des dernières nouveautés technologiques ? Il ne viendrait quand même pas à l'idée d'une personne de cet âge avancé, dont l'espérance de vie théorique se compte sur le bout des doigts, même des deux mains, de vous tracer une politique énergétique pour l'après-pétrole !? C'est avant tout culturel. Ce n'est pas de sa génération, de son époque. Il appartient à un temps où l'on débattait sur les possibilités industrielles du charbon. C'est très loin tout cela, mine de rien ! C'était l'ère du fossile. Mais chez nous, le fossile s'accroche de toute son énergie. Et de l'énergie, il en a ! Pour 30 ans encore, selon le club des optimistes. Le Club algérien des optimistes, le CAO pour les intimes, ne jure que par les 98% de richesses tirées des hydrocarbures. Qu'attendre du reste. 2%, c'est quoi ? Juste de la menue monnaie. A contrario, les adeptes du CAP, le Club algérien des pessimistes, le cap serait de tirer toutes ses dividendes des 2%. Jusqu'à renverser complètement la tendance. Ils estiment que dans les 2%, il y a tout à faire. Le solaire, l'éolien, l'agriculture, les services, tels que le tourisme, encore vierge… Enfin, tout ! Le potentiel énergétique algérien est équivalent à 4 fois la consommation mondiale annuelle. 3e mondial, juste après l'Allemagne et l'Espagne. Pour peu que le personnel politique soit rajeuni…, qu'il appartienne à son époque, qu'il vive son temps, mais pas cent ans, accroché au koursi, tous les espoirs seraient enfin permis ! Décidément, c'est à se demander qui est qui ? Des optimistes pessimistes, des pessimistes op…, on ne se retrouve plus ! C'est ça l'Algérie. L'on vous rabâche à longueur de journée, par médias interposés, que nous avons le pétrole, c'est-à-dire, tout ! Que nous sommes les meilleurs, les plus forts, les plus beaux, les plus riches… et allez demander après cela à un jeune de retrousser ses manches pour travailler la terre, ou ne serait-ce que nettoyer devant sa porte ! À dirigeants fossiles, idées fossiles ! En matière d'idées, Babour Ed'zair est en panne. Il rame. Pendant que l'on s'ingénue partout dans le monde à trouver une issue pour sortir de la crise qui secoue la planète terre, chez nous, on pense à réaliser une mosquée plus grande que celle érigée à Casablanca par le roi Hassan II. Est-ce vraiment le bon exemple à suivre ? D'autant que le Maroc est une grande destination touristique, ce qui a sans doute motivé un tel choix. Ce qui est loin d'être le cas d'une Algérie, désertée par tous, même par les siens, lui préférant un radeau de fortune, au prix de leur vie. Une mosquée, quelle idée géniale ! Concepts Energétivores ! Mais, il y a pire, comme pensées saugrenues. Les villes nouvelles ! Un concept aux antipodes du mot “nouvelle”. Une notion des systèmes socialistes de l'après-guerre mondiale. Encore une fois, il faut vraiment appartenir à un autre âge pour nous sortir en 2010, des idées aussi passéistes que les villes nouvelles. Un concept démesuré, énergétivore, budgétivore et ingérable. Alors que nous avons été incapables de mener à terme le chantier du métro, l'on devrait savoir garder raison ! Quand on n'est pas capable de gérer au quotidien des petits centres urbains, en matière d'assainissement, de voirie, ramassage des ordures ménagères, parkings, entretien des rues et des routes, etc., l'on devrait éviter de se lancer dans des concepts aussi gigantesques, énergétivores, budgétivores, qu'inutiles. Les villes nouvelles sont une conception abandonnée dans le monde entier, parce que génératrice de tous les maux sociaux. Et des expériences malheureuses à travers le monde sont là pour le prouver. Et ce n'est sûrement pas la représentante du gouvernement français, Fadhela Amara, en visite dernièrement chez nous, qui prétendra le contraire ! Parce qu'en France, le concept de “villes nouvelles'' est une notion dont les psychiatres et autres spécialistes des troubles du comportement, ont porté sur les bancs des accusés, en termes de dégâts occasionnés sur les personnes ayant vécu cloisonnés dans ces ensembles, sans vie, où le béton gris, était leur seul environnement. C'était dans les années 1960. Alors, vouloir reproduire cela dans l'Algérie de 2010, c'est carrément criminel ! Et pour la population et pour l'environnement ! Véritable toile d'araignée ! Sur le plan de l'énergie, actualité oblige, l'on a qu'à voir ce qui se passe dans nos cités, à propos de l'électrification sauvage. Les fils électriques se mêlent et s'entremêlent dans une totale anarchie. Tag âala men tag ! Et ce ne sont que des cités ! Imaginez toute une “ville nouvelle” ! Même la plus habile des araignées ne saurait tisser une telle toile au-dessus de la ville. L'idée des villes nouvelles n'est pas du tout lumineuse ! Du moins, pas pour les villes du centre, à l'image de Boughezoul, Bouinan et Sidi-Abdellah, de magnifiques sites, en voie de dénaturation et de défiguration. Le béton va finir par bouffer entièrement la nature et agresser l'environnement… Et dire que cette mission relève justement du secteur de l'environnement. Quel infanticide ! Encore une idée fossile de notre système de gouvernance, sans doute, en panne d'énergie renouvelable. R. L. [email protected]