Le secrétaire d'état américain, Colin Powell, s'est rendu hier dans la ville de Kirkouk (nord) au deuxième jour d'une visite en Irak, alors que l'opinion publique américaine s'interroge sur la politique de Washington dans ce pays. La visite de M. Powell a lieu également alors que, en Irak, les attaques antiaméricaines ne cessent de s'intensifier, et que, sur le plan diplomatique, les divergences persistent entre les grandes puissances, dont les états-Unis réclament le soutien pour échapper à ce qui ressemble de plus en plus à un bourbier. Dimanche, l'armée américaine a été la cible de trois attaques ayant fait un mort et trois blessés parmi les soldats américains ainsi qu'un mort et un blessé parmi les civils irakiens. Soixante-quinze soldats américains ont été tués dans des attaques de la guérilla depuis que Washington a annoncé, le 1er mai, la fin des combats majeurs en Irak. Selon l'armée américaine, 667 soldats ont été blessés. M. Powell s'est rendu hier, en milieu de matinée dans la ville de Kirkouk (250 km au nord de Bagdad) et devait se rendre ensuite dans la localité kurde de Halabja, où quelque 5 000 personnes ont péri, victimes d'un bombardement chimique mené par l'armée de Saddam Hussein en 1988. A Bagdad, dimanche, M. Powell avait rencontré le nouveau ministre des Affaires étrangères irakien, le Kurde Hoshyar Zebari, et l'administrateur américain en Irak, Paul Bremer. Estimant que le “terrorisme” était devenu le problème majeur en Irak, M. Powell s'était toutefois félicité des “bonnes choses en cours” en Irak sur le plan économique et politique. Il avait alors affirmé la nécessité d'un retour progressif à la souveraineté en Irak, rejetant une proposition française d'une transition rapide. “La pire chose qui puisse arriver serait que nous précipitions ce processus” de restitution de la souveraineté “avant que la capacité de gouverner et la base de légitimité soient là, et le voir échouer”, avait-il dit. Washington tente de présenter un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité de l'Onu pour créer une force multinationale sous mandat des Nations unies et sous commandement américain, et pour partager le fardeau financier de la reconstruction de l'Irak D'autres hauts responsables américains se sont également mobilisés pour défendre la politique irakienne du gouvernement américain de George W. Bush et le coût de plus en plus élevé de la guerre contre le terrorisme. Pour l'heure, les Américains restent plus nombreux à approuver la politique irakienne de M. Bush (52%) qu'à la désapprouver (46%), selon un sondage Washington Post-ABC paru dimanche. Le nombre de mécontents ne cesse toutefois d'augmenter. Ils étaient encore 56% à l'approuver (contre 37% d'avis inverse), selon une enquête publiée le 24 août par ces deux médias. Un éditorial du New York Times, sous le titre “Une politique intenable en Irak”, appelait dimanche à “repenser la stratégie américaine de l'après-guerre” en Irak. Pour sa part, l'ancien président démocrate américain Bill Clinton a accusé samedi M. Bush de s'être “aliéné le monde” dans la guerre contre le terrorisme. Armes de destruction massive Dick Cheney persiste et signe Le vice-président américain, Dick Cheney, a affirmé dimanche qu'il n'avait “aucun doute” que le président irakien Saddam Hussein, chassé du pouvoir par les forces américaines, développait des armes de destruction massive et que de nouvelles preuves seront découvertes de leur existence. “Si vous vous repenchez sur ce que nous avons trouvé jusqu'à aujourd'hui, il n'y a aucun doute dans mon esprit que Saddam Hussein disposait de ce type de capacités”, a déclaré le vice-président sur la chaîne de télévision américaine NBC. “Ce n'était pas une idée qui a été bricolée d'un jour à l'autre par une poignée de personnes au gouvernement ou au sein de la CIA”, a-t-il affirmé. “Toute cette notion qu'il n'y a rien derrière les affirmations que Saddam Hussein avait (des armes de destruction massives) ou développait des armes de destruction massive me semble totalement fallacieuse, c'est faux”, a dit M. Cheney. “En ce qui concerne les armes chimiques, mon idée est qu'elles sont cachées dans l'infrastructure civile, ce qui n'est pas une place inhabituelle” pour ce type d'armes, a-t-il affirmé.