Au FLN, on ne “redresse” pas en fonction d'une ligne politique adoptée par les instances du parti en toute souveraineté et transparence. Non, on “redresse” toujours dans le sens du vent, prônant la position la plus à même de garantir la pérennité de sa place au pouvoir. Le parcours du FLN post-88 ressemble aux sagas que constituent ces célèbres films dont les titres portent un numéro. Rocky, Saw, Rambo, Le parrain, Terminator, mais surtout… Retour vers le futur. Les “redressements” rythment la vie de ce parti depuis si longtemps qu'il faudra bien les numéroter un jour. Certes, ce n'est qu'en 2003, lorsqu'il “fallait” débarquer Ali Benflis, que l'expression a été utilisée pour la première fois. Mais le “coup d'Etat scientifique”, qui avait destitué Abdelhamid Mehri, n'était pas moins un “redressement”, au sens où le mot est entendu à l'intérieur de l'ex-parti unique : une opération visant à mettre l'appareil au service d'un plan concocté hors des structures internes, généralement “en haut”, comme l'avait dit ouvertement, en 1999, un certain Boualem Benhamouda, celui-là même qui avait succédé à Mehri. Il peut s'agir aussi, à l'occasion, de se conformer à quelque option lourde, dictée ou simplement pressentie. En 1995/96, il s'agissait de retirer le FLN du clan de Sant'Egidio. En 1999, c'était pour arrimer le FLN au navire du “candidat du consensus”. En 2003, le but était de maintenir le cap, en faveur d'un second mandat présidentiel pour Bouteflika, et d'empêcher que le parti dévie de cette ligne sous l'impulsion du clan Benflis. Mais c'est la règle et elle n'a jamais été démentie : les “redresseurs” ont à chaque fois fini par avoir raison des “autres”. C'est la preuve qu'au FLN, on ne “redresse” pas en fonction d'une ligne politique adoptée par les instances du parti en toute souveraineté et transparence. Non, on “redresse” toujours dans le sens du vent, prônant la position la plus à même de garantir la pérennité de sa place au pouvoir. C'est cela qui constitue le caractère atypique de ce parti. Ainsi, l'avènement d'un mouvement de “redressement” en 2010, quoiqu'embryonnaire, peut bien être le signe que les Kara et autre Khaldi ont cru percevoir, quelque part, de “nouvelles orientations d'en haut”, ou entendre ce qu'ils croient être le souffle du prochain vent, celui qui emportera Belkhadem et, avec lui, tout l'attelage né du dernier “redressement” en date. À moins que les opposants à Belkhadem se soient découvert, sur le tard, l'âme de militants, de vrais militants. Ce qui, au FLN, semble si invraisemblable que cela relèverait du miracle.