L'Algérie est un pays extraordinaire. Il l'est effectivement, sur plusieurs plans. Sur tous les plans où la main destructrice de l'homme n'est pas passée. À l'image de l'immense et beau désert, des trésors énergétiques et miniers dont regorgent nos fonds souterrains, ou encore, le large potentiel “ensoleillement”, indéniable et inépuisable source “bioénergétique”, etc. Décidément, chez nous, tant que l'homme ne fait rien, ça va ! Mais, dès qu'il se met de la partie en s'emparant d'une idée ou d'un quelconque concept, il devient un périlleux prédateur. En matière de bâti, cela nous donne des images aussi hideuses que celles qui s'affichent à nos yeux un peu partout dans le pays. Et les dégâts ont pris une dimension nationale. Du fantomatique quartier d'El-Hamiz, au centre commercial El- Quods de Cheraga, en passant par les cités dortoirs de Dergana ou d'ailleurs… c'est le même constat d'horreur. On ne sait ni construire des logements, ni des centres commerciaux et encore moins, des ensembles mixtes, de vie et d'activités. D'où tout l'intérêt de laisser tomber l'idée des villes nouvelles. Ose-t-on espérer ! Une loi, une ! Coûterait-il moins cher de construire moche ? Non ! Réfuteront les professionnels. Alors, pourquoi un tel choix, si ce n'est encore “une fois de trop”, la lancinante question de l'homme qu'il faut à la place qu'il faut qui refait son apparition. Aujourd'hui encore, le secteur de l'habitat vient de pondre un avant-projet fixant les nouvelles règles régissant l'activité de promotion immobilière. Il est au niveau de l'APN. L'Algérie est le premier pays au monde en tant que “bâtisseur” de lois, mais, il a cette fâcheuse tendance à oublier… de les appliquer sur le terrain. Et une loi ne vaut que si elle est suivie d'effet ! Sinon, qu'apportera-t'-elle de plus, si elle suit le même chemin qui mène aux tiroirs du ministère et autres structures de l'Habitat et de l'Urbanisme ? Une hirondelle ne fait pas le printemps ! “Il faut rendre à César ce qui appartient à César”, comme le veut une célèbre citation. Pour ce faire, l'on se doit de relever, que de tous les services dépendant de ce vaste secteur, le seul à avoir rempli pleinement son rôle de “service public” et incontestablement le FGCMPI. Un fonds de garantie qui a su se faire connaître du grand public à travers un véritable travail en matière de communication. Ses acteurs ont su répandre leur message et sensibiliser leurs membres et partenaires. Aujourd'hui tout promoteur immobilier sur plan connaît la nature de ses obligations avec le fonds. Ses droits et devoirs. Les potentiels acquéreurs aussi. Ils savent qu'à travers cette structure de garantie, ils trouveront un interlocuteur à même de les accompagner dans leurs démarches. Mais, les prérogatives du FGCMPI ne vont pas jusqu'à imposer un choix architectural. Ce qui, au demeurant, aurait été une mission, sans doute suivie avec succès par cette active direction. On ne peut hélas, gratifier les nombreux autres acteurs du secteur de l'habitat de la même qualité. Services de l'urbanisme communaux, DUC, DUCH, OPGI, AADL, EPLF… c'est à croire qu'ils se sont tous donné le mot pour végéter jusqu'à remplacer toute végétation par du béton. Pourtant, verdure et bâti peuvent très bien cohabiter en totale harmonie, comme cela se fait partout à travers le monde. Cependant, ces responsables voyagent, ils voient ce qui se fait sous d'autres cieux… qu'ils en prennent de la graine. Mais, franchement, quand on est “capable” de réaliser un quartier aussi hideux, que périlleux, comme El-Hamiz, pour ne citer que celui-là, il ne faut rien attendre des lois. Les mêmes concepteurs, responsables et bâtisseurs de cet inqualifiable tas de béton, sont encore en poste aujourd'hui. Et ils n'auront pas fini de nous étonner ! Il n'y a qu'à voir de quelle manière ils conçoivent leur propres bâtisses. Il n'y a qu'à se balader dans des quartiers, prétendument résidentiels, où des immeubles individuels en R+4, sont pompeusement appelés, “villas”. Le résidentiel ne peut s'accommoder avec des locaux à usage d'activité multiple. Menuiserie, ferronnerie et autres fonctions à fortes nuisances qui côtoient des habitations, sans qu'il ne soit procédé à la moindre enquête “commodo-incommodo” une ancienne procédure administrative sur les troubles qu'un projet peut entraîner pour le voisinage. Pourtant, ça aussi existe dans les lois. Le rouge 3 peut virer ! Quant au vieux bâti, qui relève également du même secteur, il connaît également les mêmes problèmes. Certes, il n'y a aucun danger à construire moche, ou avoir du retard dans la livraison de nouveaux logements, mais il pourrait par contre, y avoir “mort d'homme” si l'on continue à tergiverser dans la prise en charge de cet embarrassant dossier. Quand on connaît la fragilité des nombreuses bâtisses de nos vieilles villes, et l'exposition aux risques sismiques de notre pays, l'on ne peut que croiser les doigts. Mais le ministère de l'Habitat et l'Urbanisme devrait lui, pouvoir faire un petit peu plus que cela ! Le 21 mai 2003, c'est déjà loin, mais rien de conséquent n'a changé depuis. Sinon, les lois ! Quand le bâtiment va… tout va ! R. L. [email protected]