Son appel est une atteinte grave au principe de la séparation des pouvoirs édictée par la Constitution du pays. À la fin de la semaine en cours, le FLN aura terminé la préparation du congrès extraordinaire dont le déroulement pourrait intervenir plutôt que prévu. La mobilisation de la base bat son plein, depuis le week-end. L'opération, encadrée par les membres de la direction nationale, bureau politique et comité central, sera soldée, dans deux jours, par l'élection à la base d'environ 1 500 congressistes. Une circulaire adressée, il y a une semaine, aux militants du parti a souligné “l'importance de ce rendez-vous dans la vie du FLN, d'un côté, et dans la lutte pour la consolidation du processus démocratique et du pluralisme politique, de l'autre”. Ce document, qui a rappelé que le congrès en question intervient dans une conjoncture où la stabilité du parti est ciblée, a défini les modalités de participation à cette manifestation politique qui verra la proclamation de la candidature de Ali Benflis. Ainsi, il est annoncé que les membres du comité central, du Parlement, les ministres, les mouhafedhs, les présidents des commissions permanentes, les coordinateurs des représentations du parti à l'étranger, les membres des structures de base et les élus locaux du FLN participeront de droit aux travaux du congrès extraordinaire. Ceux qui prendront part à ce rendez-vous seront élus selon des modalités bien définies par la direction nationale du parti. De ce fait, des kasmas ont été regroupées sous forme de fédérations et chacune de ces dernières bénéficiera d'un certain nombre de sièges et ce, selon leur importance. La même formule est reconduite concernant la représentation de la communauté algérienne à l'étranger. S'ajoutera à la participation de droit l'élection des délégués de chaque zone. Ces opérations, indiquera le porte-parole du FLN, Abdeslam Medjahed, sont sur le point d'être achevées, que se soit au plan national ou à l'étranger. Il est clair donc que le cap est mis définitivement sur la tenue du congrès extraordinaire, tant cette étape est très attendue par les militants du parti pour mettre fin à toutes les spéculations sur les prétendues hésitations de Ali Benflis quant à sa candidature pour la prochaine élection présidentielle. Des spéculations qui d'ailleurs ont été sciemment répercutées par les partisans de Bouteflika qui tentent de semer le doute dans les rangs du FLN, en attendant une éventuelle hémorragie au sein de son groupe parlementaire aussi. En effet, ce dernier a rendu public hier un communiqué dans lequel il critique l'utilisation éhontée des médias lourds par une structure illégale qui veut frapper la stabilité du parti en appelant ses députés à déserter ses rangs. En qualifiant la sortie de Abdelziz Belkhadem “de basse manœuvre”, les parlementaires de la formation de Ali Benflis dénoncent “ses pratiques dont les acteurs, au plus haut sommet de l'Etat, veulent mettre le FLN au service de leurs ambitions personnelles”. Et ce, en affirmant qu'ils n'obéiront “à aucune tutelle” et qu'ils n'appliqueront que “les orientations émanant de la direction légitime du FLN et à sa tête Ali Benflis”. Le groupe parlementaire de la formation majoritaire à l'Assemblée nationale, qui s'indignent du fait qu'un membre de l'Exécutif, en l'occurrence le ministre des Affaires étrangères, donne des directives à l'institution législative, soulignent que, “encore une fois, c'est la Constitution qui est piétinée dans son principe de la séparation des pouvoirs”. Les parlementaires du FLN prennent, en effet, à témoin l'opinion publique sur ses graves dérives aux antipodes de la pratique démocratique et du pluralisme politique et s'en remettent au bon sens du peuple algérien qui, au moment voulu, saura distinguer entre celui qui a comme objectif de réaliser ses ambitions personnelles et celui qui a pour seule ambition la réalisation de l'intérêt de la collectivité nationale. S. R.